Alors que les gouvernements européens soufflent le chaud et le froid sur la question d'accepter Huawei comme équipementier des réseaux 5G, les Etats-Unis poursuivent leur offensive sur les dangers que cela représenterait, n'hésitant plus à menacer de modifier ses relations avec les Etats européens si rien n'est fait.

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Robert Strayer, secrétaire délégué de l'IICOM (International Institute of Communications) pour les questions de politique d'information, prend donc son bâton de pélerin pour tenter de convaincre l'Europe d'exclure totalement Huawei des réseaux, avec toujours des arguments forts, comme le risque de laisser la Chine écouter les communications et les perturber si des tensions émergeaient.

Et puisque la 5G doit servir de support à de multiples industries, avec des cas d'applications très sensibles, cela pourrait donc être à la fois une aubaine pour de l'espionnage économique mais aussi pour rendre inopérants les réseaux en cas de conflit : "n'attendez pas d'avoir la preuve d'une malveillance dans les réseaux 5G, quand vous l'aurez, il sera trop tard", martèle-t-il.

L'Europe n'a toutefois pas attendu de se faire sermonner pour mener une évaluation des risques de sécurité et préparer des mesures de protection.

Le problème est que cette preuve n'est toujours pas directement apportée. Certes, des bugs et défaillances dans les logiciels de télécommunication sont pointés du doigt comme fragilités potentielles mais toute la question reste de savoir s'ils sont intentionnels ou le fruit d'un travail perfectible.

Et se passer de Huawei, premier équipementier mondial, n'est pas vraiment anodin et va compliquer singulièrement la tâche des opérateurs européens qui font appel à ses services.

Propagande vs Propagande ?

Là encore, Robert Strayer a réponse à tout. S'il réfute les risques de retard de déploiement, la question des surcoûts qu'une telle réorganisation impliquerait est plus difficile à esquiver. Pour lui, le montant pour se passer de Huawei en Europe dans la 5G serait de l'ordre de 3,5 milliards de dollars.

Ce serait donc le prix à payer pour éviter de grosses complications par la suite. Mais pour la GSMA, qui regroupe des centaines d'opérateurs mondiaux, le coût à supporter pour exclure les équipementiers chinois serait plus proche des...55 milliards de dollars pour un retard de déploiement estimé à 18 mois, induisant par ailleurs des dizaines de milliards de dollars de manque à gagner pour l'économie européenne.

Les Etats-Unis affirment toujours que Huawei dépend fortement du gouvernement chinois par les liens de son fondateur avec les services de renseignement ainsi que par les larges financements accordés, tandis que la législation chinoise elle-même impose à à l'équipementier de coopérer sans réserve.

Source : Le Figaro