Après une phase incertaine, l'équipementier chinois Huawei est désormais en posture difficile sur plusieurs marchés européens où sa présence dans les futures infrastructures 5G est soit bridée soit carrément exclue, comme vient d'en décider le Royaume-Uni.
Les opérateurs devront donc se tourner à plus ou moins court terme vers d'autres acteurs. L'équipementier suédois Ericsson y voit une opportunité pour améliorer sa part de marché en Europe, actuellement de 30%.
Börje Ekholm, son PDG, estime que l'entreprise a montré sa capacité d'adaptation à la demande durant la crise du coronavirus et le confinement de mars à mai et qu'elle pourra de même faire face à un changement de fournisseur chez les opérateurs devant se séparer de Huawei.
Ericsson a connu une progression de 1% de son chiffre d'affaires pour un bénéfice net en progression de 40% par rapport aux valeurs de la même période l'an dernier, montrant une bonne résistance malgré la crise sanitaire. Les investisseurs ont salué ces résultats, le cours de l'équipementier ayant gagné 12% à leur annonce.
Ils saluent notamment les contrats 5G signés avec plusieurs grands opérateurs chinois ces derniers mois, d'autant plus importants que l'Europe (hormis peut-être l'Europe du Nord) est maintenant clairement à la traîne en matière de déploiements 5G.
Selon LightReading, l'équipementier prenait jusqu'à présent plutôt des contrats face à Nokia, empêtré dans un démarrage poussif de son offre 5G, mais plusieurs marchés gagnés aux dépens de Huawei sont intervenus récemment.
Sans surprise, Börje Ekholm a redit son inquiétude face au retard pris par l'Europe en matière de 5G : "si nous retardons encore la 5G en Europe, nous mettrons à mal son avenir économique".
La 5G comme support de la sortie de la crise du coronavirus
Un excès de régulation et un ticket d'entrée trop élevé pour les fréquences sont cités comme certaines des causes de cette problématique mais la crise sanitaire liée au coronavirus, en décalant les processus d'enchère, a encore aggravé la situation.
Il appelle donc à placer la 5G au centre d'une stratégie de reprise des investissements en sortie de crise de la maladie Covid-19, avec une vision de long terme qui doit mettre en place les infrastructures pour l'économie de demain, en réduisant le coût des licences d'exploitation et en élargissant l'accès au spectre.
Des voeux évidemment orientés dans le sens de son coeur d'activité et d'une vision industrielle des réseaux du futur mais qui peinent à être entendus en ces temps de théories complotistes et de relance des interrogations sur les effets sanitaires de la 5G.
L'équipementier revendique près de 100 contrats 5G, principalement en Europe, Amérique du Nord et Asie.