Considérés comme une menace pour la sécurité nationale, les équipementiers télécom chinois Huawei et ZTE ont été écartés des contrats avec les opérateurs nord-américains.
Les Etats-Unis ont ensuite mis la pression sur leurs alliés directs et sur l'Europe pour inciter à faire de même à l'heure de l'établissement des nouveaux réseaux de communication 5G.
Sans prendre des mesures aussi radicales, l'Europe avait tout de même mis en place une "boîte à outils" permettant aux Etats membres de sécuriser leurs réseaux et gérer une sortie des équipementiers concernés de leurs marchés.
Cette menace qui ne dit pas son nom
Trois ans plus tard, l'application de ces mesures reste à géométrie variable au sein de l'Europe, certains Etats ayant pris les dispositions nécessaires quand d'autres temporisent.
Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, met son avertissement d'une reprise en main de cette question des équipementiers chinois à exécution. Estimant que le processus va trop lentement et observant que seuls 10 Etats membres ont utilisé la toolbox mise à disposition, il demande une accélération du processus du fait du "risque majeur pour la sécurité de l'ensemble de l'Union européenne".
L'ami chinois accueilli à bras ouverts dans les premières années du nouveau millénaire ne l'est plus tant que ça avec la montée des tensions géopolitiques et le commissaire européen n'hésite pas à évoquer le danger "des dépendances critiques qui peuvent devenir des armes contre nous", dans les télécommunications comme ailleurs.
Une situation disparate au sein de l'Europe
La Commission européenne appelle maintenant les Etats membres à utiliser la boîte à outils pour écarter les équipementiers dangereux mais, pour certains pays dans lesquels Huawei est fortement implanté, cela s'annonce compliqué.
En France, des mesures ont été prises avec un contrôle des équipements par l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) mais les opérateurs SFR et Bouygues Telecom, qui disposaient d'équipements Huawei 4G et doivent les remplacer, demandent au gouvernement de participer aux coûts supplémentaires qu'ils doivent subir.
La porte restant fermée, les deux opérateurs ont attaqué l'Etat en réclamant des centaines de millions d'euros de compensation. Dans d'autres pays, la situation est plus complexe et les équipementiers chinois sont déjà jusqu'au coeur des réseaux 5G, ce qui va rendre leur remplacement complexe.