L'Europe spatiale serre les rangs. Confrontés à la déferlante Starlink d'Elon Musk, les trois mastodontes de l'aérospatiale et de la défense, Airbus, Thales et Leonardo, ont mis leurs rivalités historiques de côté pour s'unir.

Ils viennent de conclure un accord-cadre pour fusionner leurs activités de fabrication de satellites. Un projet colossal, baptisé "Projet Bromo", qui vise à créer un champion européen capable de rivaliser avec les géants américains et chinois, et de ne pas se faire éjecter du marché.

Pourquoi une telle fusion est-elle devenue vitale ?

La raison est simple : la survie. L'essor spectaculaire de Starlink, le service d'internet par satellite de SpaceX, a totalement rebattu les cartes et mis une pression inédite sur les acteurs historiques. Le marché des satellites, estimé à plus de 600 milliards d'euros pour la prochaine décennie, est en pleine mutation. Avec ses acteurs nationaux fragmentés, l'Europe risquait de se faire purement et simplement marginaliser.

Starlink V3 03

Cette fusion est donc une réponse directe à cette menace, une tentative de fédérer les ressources pour créer un acteur de taille critique, sur le modèle de réussite du missilier paneuropéen MBDA.

En quoi consiste ce "Projet Bromo" ?

Le "Projet Bromo", nommé d'après un volcan indonésien, vise à créer une coentreprise unique regroupant les activités de fabrication de satellites d'Airbus, Thales et Leonardo. La valorisation de cette nouvelle entité pourrait atteindre 10 milliards d'euros. L'accord-cadre signé ce lundi n'est que la première étape d'un processus complexe qui pourrait prendre jusqu'à deux ans pour se concrétiser.

starlink-spacex

Pour rappel, Thales (France) et Leonardo (Italie) sont déjà partenaires au sein de la co-entreprise Thales Alenia Space, qui devrait logiquement servir de base à la future structure.

Quels sont les obstacles à surmonter ?

La route vers ce "géant du satellite" est encore longue et semée d'embûches. Après avoir achoppé cet été sur des questions de gouvernance et de valorisation, les discussions ont repris. Mais le plus dur reste à venir. D'abord, il faudra naviguer les sensibilités politiques, notamment entre la France et l'Italie, sur la répartition des technologies et des emplois stratégiques. La récente crise politique française n'a d'ailleurs pas facilité les choses.

starlink-mini

Ensuite, et c’est sans doute le principal obstacle, il faudra obtenir le feu vert de la Commission européenne en matière de concurrence. Les précédentes tentatives de consolidation dans le secteur avaient toutes échoué face à l'intransigeance de Bruxelles. Mais cette fois, la menace de voir l'Europe évincée du marché par SpaceX pourrait changer la donne et convaincre les régulateurs de la nécessité d'un tel champion européen.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que le "Projet Bromo" ?

C'est le nom de code donné au projet de fusion des activités de fabrication de satellites des entreprises européennes Airbus, Thales et Leonardo. L'objectif est de créer une coentreprise unique pour être plus compétitif à l'échelle mondiale.

Pourquoi les entreprises européennes doivent-elles fusionner ?

La principale raison est la concurrence intense de l'entreprise américaine SpaceX et de sa constellation de satellites Starlink, qui domine le marché du lancement et de l'internet par satellite. La fusion vise à créer un acteur européen de taille suffisante pour rivaliser.

Quand cette fusion sera-t-elle effective ?

L'accord-cadre qui vient d'être signé n'est que la première étape. Le processus complet de fusion est complexe et pourrait prendre jusqu'à deux ans, notamment en raison des validations réglementaires nécessaires, en particulier celle de la Commission européenne.