Trois géants de l’industrie spatiale européenne, Airbus, Thales et Leonardo, sont sur le point de transformer le marché des satellites en lançant une ambitieuse entreprise commune.

Baptisé « Projet Bromo », du nom d'un volcan indonésien, ce regroupement vise à créer une puissante structure capable de concurrencer Starlink, la constellation de satellites d’Elon Musk.

Il ambitionne de mettre fin à la domination américaine et chinoise en créant des satellites à orbite basse plus compétitifs et accessibles pour ne pas laisser filer le leadership technologique européen et sa souveraineté spatiale.

Une alliance stratégique pour bâtir un champion européen

Les trois groupes - partiellement détenus par des actionnaires publics - entendent regrouper leurs activités pour mieux répondre à la demande croissante en satellites à orbite basse, devenue la norme sur le marché.

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Les enjeux sont de taille : cette entreprise commune pourrait peser jusqu’à 10 milliards d'euros, selon les premières estimations. La valorisation des actifs de chaque acteur reste toutefois en discussion, tout comme la répartition des parts dans la future entité.

La mobilisation des industriels découle d’un constat limpide : sans alliance et réunion des expertises, ils ne pourront pas résister chacun de leur côté. L'heure est donc au rassemblement des forces, chacun apportant une partie du savoir-faire commun.

Le poids de la gouvernance et des enjeux politiques

Si les groupes avancent vers une entente, les détails de gouvernance sont au cœur des discussions. Les États membres de l'Union européenne sont attentifs à la préservation de leurs intérêts nationaux sensibles, ce qui amène les partenaires à envisager des entités spécifiques au sein de la coentreprise.

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Les précédentes tentatives de rapprochement dans le spatial se sont souvent heurtées à des rivalités nationales et à des craintes liées à la concurrence. Mais cette fois, la dynamique imposée par Starlink semble modifier les règles, créant un contexte propice à une alliance.

L’Union européenne cherche à renforcer ses capacités souveraines, notamment face aux risques géopolitiques et à l’évolution des politiques américaines et n'a plus vraiment le temps de tergiverser.

La pression du marché des satellites en orbite basse

Ce projet européen intervient dans un contexte de transformation rapide du secteur spatial. La demande pour les satellites en orbite basse, moins onéreux et plus faciles à déployer, explose, en raison de l’accélération imposée par Starlink et plus généralement une demande de l'industrie désireuse d'accéder à l'espace.

Les industriels européens doivent réagir pour ne pas être relégués au second plan. L’Europe, en proie à diverses difficultés ces dernières années, craint d'être distancée par les constellations privées étrangères, alors que de nouveaux usages émergent comme l'internet haut débit, les communications sécurisées ou l'observation en temps réel.

Quels défis pour la nouvelle entreprise commune ?

La conclusion de ce projet est encore suspendue à plusieurs facteurs : le respect des conditions politiques, la validation des gouvernements, et l’équilibre entre les intérêts des trois industriels.

Leonardo, Airbus, Thales font preuve de prudence dans leur communication, les contours du projet n'ayant pas encore été fermement dessinés. Les prochains jours seront décisifs pour formaliser ce rapprochement.

L’Europe veut s’imposer comme une alternative crédible, capable de répondre aux défis géopolitiques et technologiques du XXIe siècle, et disposer de ses propres solutions. Mais le temps presse.