La récente signature d’un contrat de 31 millions d’euros entre la jeune pousse française Univity et le CNES ouvre un nouvel espace dans l’ambition nationale de souveraineté numérique.
Face à l’hégémonie américaine et chinoise sur le marché des constellations de satellites, la France s’arme pour proposer une solution alternative totalement développée localement.
Portée par le financement du programme France 2030 et le partenariat avec TDF, cette initiative ouvre la voie à une nouvelle génération de connectivité 5G par satellite (ou 5G NTN pour Non Terrestrial Networks), aussi bien pour les zones rurales que pour l’ensemble du territoire.
Le défi de la souveraineté technologique
Dans le secteur des télécommunications spatiales, la conquête du marché s’intensifie. Les géants tels que Starlink et Kuiper aux États-Unis et Guowang et Thousand Sails en Chine dominent le secteur avec des constellations massives de satellites.
Mais la signature du contrat entre Univity et le CNES s’inscrit dans une logique stratégique : structurer une filière française indépendante de connectivité 5G spatiale.
Les trois piliers de la stratégie d'Univity (credit : Univity)
Le financement du CNES via France 2030, couplé à un cofinancement industriel, porte le budget global du projet à 44 millions d’euros. Le projet veut créer toutes les composantes d'un accès internet haut débit et à faible latence par satellite grâce à la 5G, à l'aide de réseaux hybrides terrestre / satellite, avec une solution industrielle permettant de garantir la souveraineté spatiale française et européenne.
La constellation uniSky : ambition et technologie
Premier jalon de cette stratégie, Univity développe uniSky, une constellation de satellites positionnés en orbite très basse (VLEO). Ces satellites, capables d’exploiter le spectre 5G terrestre, promettent un accès Internet haut débit avec une latence réduite, même dans les zones reculées.
Le projet s’articule autour de deux phases majeures : une première période d’études techniques et de cas d’usage jusqu’en avril 2026, suivie par la réalisation, le test et l’exploitation de deux satellites entre 2026 et 2028. Ces dispositifs 5G non-terrestres (NTN) viseront à garantir l’interopérabilité entre infrastructures spatiales et réseaux télécoms existants.
Cette stratégie avait initialement été dévoilée sous l'ancien nom d'Univity, lorsqu'elle s'appelait Constellation Technologies & Operations, et le nouveau financement vient conforter l'initiative et lui apporter les moyens de son développement.
Le rôle clé de TDF et la mise en œuvre opérationnelle
Le partenariat avec TDF apparaît comme déterminant dans la concrétisation du projet Univity. TDF assurera l’hébergement, l’installation et la maintenance de trois stations d’ancrage, dont deux en métropole et une en Outre-mer. Ces gateways seront cruciales pour garantir l’interface entre le réseau satellitaire et les réseaux terrestres des principaux opérateurs.
credit : Univity
« Grâce au financement France 2030, le CNES accompagne Univity pour préparer, via la démonstration en vol uniShape, un service de connectivité 5G NTN par satellite répondant aux besoins des opérateurs de services terrestres », souligne Caroline Laurent (CNES).
Univity : trajectoire ascendante et prochaines étapes
En juin 2025, Univity a réussi une première mondiale avec le lancement de sa charge utile régénérative 5G mmWave, démontrant l’efficacité de sa technologie en télécommunications spatiales.
Cette avancée, soutenue par une levée de 9,3 millions d’euros au printemps, a permis à Univity de contractualiser avec l’ESA et de s’associer durablement à TDF.
Avec le projet de lancement des deux satellites prototypes, Univity prépare la validation à grande échelle la pertinence de la 5G spatiale française, aussi bien pour les particuliers que pour les professionnels en permettant à terme de couvrir des zones rurales ou difficiles d'accès pour les réseaux terrestres.