Tout le monde veut accéder à des constellations satellite en orbite basse fournissant un accès Internet depuis l'espace capable de couvrir de vastes zones, jusqu'à des régions sans réseau terrestre disponible.
La constellation Starlink de SpaceX fait figure de pionnière. Elle est aussi la plus avancée grâce aux lancements réguliers de grappes de satellites qui permettent de disposer dès à présent de plusieurs milliers de satellites actifs. Elle peut donc faire figure de solution de référence sur le marché.
Mais avec l'arrivée au pouvoir de Donald Trump depuis le 20 janvier, la donne est en train de changer depuis que l'accès à Starlink devient un enjeu stratégique dans les négociations avec les partenaires des Etats-Unis.
Starlink devient sulfureux
L'administration Trump l'a mis en balance pour forcer la signature d'un accord de paix par l'Ukraine dans son conflit avec la Russie et obtenir un accès à ses minerais stratégiques.
La constellation Starlink est essentielle pour les communications militaires ukrainiennes et sa perte serait un tournant dans le conflit. S'il peut pousser l'Ukraine à négocier plus rapidement, le geste peut aussi être vu comme un nouveau cadeau fait à la Russie dans un nouveau renversement des valeurs.
Elon Musk avait pourtant été prompt à afficher son soutien à l'Ukraine au début du conflit en 2022 en envoyant des kits de connexion et en activant la couverture satellite au-dessus du pays.
Plus largement, cette utilisation de Starlink comme moyen de pression dans des négociations ne peut manquer d'inquiéter les pays qui comptaient éventuellement sur cette solution pour améliorer l'accès internet et protéger des communications contre des catastrophes naturelles ou des atteintes aux réseaux terrestres.
La question s'est posée très sérieusement il y a quelques semaines quand, en Italie, la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni a proposé d'utiliser Starlink pour faire transiter les communications militaires italiennes, dans un effort pour renforcer une relation privilégiée avec l'Amérique de Trump.
Tant la Chine, avec plusieurs mégaconstellations, que l'Europe, qui prépare une constellation IRIS2, en sont conscientes pour des besoins souverains. Pour le reste, le secteur commence à regarder avec plus d'intérêt les solutions alternatives à Starlink.
Le groupe français Eutelsat, qui gère la constellation OneWeb de plusieurs centaines de satellites, vient de profiter d'un énorme coup de projecteur en voyant son cours en Bourse grimper de 60% en début de semaine.
Les investisseurs anticipent ainsi une recherche de solutions satellite autres que Starlink dans les mois à venir face à l'incertitude provoquée par les décisions économiques coups de poing de Donald Trump, le risque de voir l'accès à Starlink conditionné à des obligations en faveur des Etats-Unis mais aussi à un mécontement grandissant face aux actions et prises de parole d'Elon Musk qui sortent largement de son rôle de capitaine d'industrie.
OneWeb devient aussi un enjeu géostratégique
L'Europe, lâchée par les Etats-Unis, se prépare à ne compter que sur elle-même et à augmenter ses dépenses de défense, s'il n'est pas déjà trop tard. Dans ce contexte, Starlink pourra difficilement être une option souhaitable et OneWeb serait alors la seule alternative possible, et peut-être jusqu'au-dessus de l'Ukraine, en remplacement de Starlink.
IRIS2, des satellites en orbite basse et plus hauts
Le rapprochement USA-Russie voulu par Trump fait porter de trop risques sur l'utilisation de Starlink. En cas de conflit entre l'Europe et la Russie, que de plus en plus d'observateurs prédisent dans un horizon à cinq ans, les Etats-Unis pourraient très bien décider d'interrompre les accès au GPS et à Starlink.
L'Europe pourra alors compter sur ses réseaux souverains Galileo pour le positionnement et IRIS2 pour les communications, ainsi que sur OneWeb d'Eutelsat en orbite basse...s'ils ne sont pas désactivés d'ici là par des moyens spatiaux offensifs que les grandes puissances ne cachent plus guère.