Deux fronts, un même espoir. La lutte contre la maladie d'Alzheimer vient de marquer des points décisifs grâce à deux études indépendantes. D'un côté, des chercheurs de l'Université du Colorado explorent le potentiel d'un médicament existant, le Leukine, pour réparer les dégâts neuronaux.

De l'autre, des scientifiques de la Northwestern University dévoilent une nouvelle molécule, le NU-9, conçue pour agir bien avant les premiers signes de la maladie.

Comment le Leukine pourrait-il inverser les dommages cérébraux ?

À l'Université du Colorado Anschutz, l'approche est intéressante, elle ne vise pas seulement à ralentir la maladie, mais potentiellement à l'inverser. Leur étude, publiée dans Cell Reports Medicine, a montré que le Leukine (GM-CSF), un médicament déjà approuvé pour d'autres pathologies, stoppait la mort des cellules nerveuses chez les patients atteints d'Alzheimer.

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Les résultats sont confirmés : la mort neuronale a été réduite à un niveau équivalent à celui d'une personne saine de cinq ans. De plus, les patients ont montré des améliorations sur un test de mémoire. Autre atout majeur : le Leukine est réputé pour sa grande sécurité, ayant déjà été administré à des centaines de milliers de personnes avec très peu d'effets secondaires graves. Les chercheurs insistent cependant sur la nécessité de poursuivre les essais cliniques avant toute généralisation.

Le NU-9 est-il la clé pour prévenir la maladie avant les symptômes ?

L'équipe de la Northwestern University adopte une stratégie préventive. Leur molécule expérimentale, le NU-9, s'attaque aux racines du mal en ciblant une sous-espèce très toxique d'oligomères d'amyloïde bêta. Ces agrégats sont considérés comme les déclencheurs des premiers dommages cérébraux, bien des décennies avant que les symptômes ne se manifestent.

Administré à des souris avant l'apparition des signes, le NU-9 a considérablement réduit la neuroinflammation, notamment l'astrogliose réactive. La molécule a neutralisé un coupable nouvellement identifié, l'oligomère ACU193+, qui semble déclencher la cascade inflammatoire en s'accrochant aux astrocytes, les cellules de soutien du cerveau. L'idée est d'intervenir très tôt, un peu comme on prend un traitement contre le cholestérol pour éviter un accident cardiaque.

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Quelle nouvelle stratégie se dessine contre Alzheimer ?

Ces deux avancées, bien que distinctes, convergent vers un même modèle : l'intervention précoce, voire prophylactique. L'échec de nombreux essais cliniques passés s'explique souvent par un traitement initié trop tard, lorsque la pathologie est déjà avancée. La nouvelle approche consiste à identifier les mécanismes en amont, qu'il s'agisse de la mort cellulaire ou de l'accumulation d'une protéine toxique.

Le succès de cette stratégie repose sur le développement de diagnostics précoces fiables, comme des tests sanguins. L'objectif ultime est clair : associer un diagnostic précoce à un médicament capable de "stopper la maladie dans son élan". Cela transformerait la prise en charge de la maladie, passant d'une gestion des symptômes à une véritable prévention de la neurodégénérescence.

Foire Aux Questions (FAQ)

Ces médicaments sont-ils déjà disponibles ?

Non, absolument pas. Le Leukine et le NU-9 sont tous deux au stade expérimental pour le traitement d'Alzheimer. Des recherches et des essais cliniques supplémentaires sont indispensables pour confirmer leur efficacité et leur sécurité avant d'envisager une approbation par les autorités de santé.

Quelle est la différence fondamentale entre le Leukine et le NU-9 ?

Leurs mécanismes d'action sont très différents. Le Leukine semble agir en stoppant la mort des cellules nerveuses et pourrait potentiellement inverser certains dommages déjà présents. Le NU-9, quant à lui, est une approche préventive qui vise à neutraliser des amas de protéines toxiques avant qu'ils ne déclenchent la cascade inflammatoire et les dégâts cérébraux.