La proposition de rachat du leader des robots aspirateurs iRobot par le géant de l'e-commerce Amazon en août 2022 s'appuyait sur la logique de pouvoir s'appuyer sur la plate-forme logicielle iRobot OS pour la déployer sur un écosystème de produits connectés.

En s'offrant le champion des robots aspirateurs avec sa marque reconnue Roomba aux multiples déclinaisons, Amazon pouvait également espérer exploiter les données collectées jusqu'au coeur des habitations des consommateurs pour les relier avec d'autres services (renouvellement régulier de produits domestiques, par exemple, mais aussi futurs projets de robots compagnons) pour constituer un profil toujours plus précis et prévisible des consommateurs.

C'était toutefois sans compter avec le risque d'un abus de position dominante et une réaction des régulateurs concernant l'utilisation des données personnelles. En mettant la main sur l'un des plus gros acteurs du secteur, Amazon ne risque-t-il pas de privilégier la visibilité de ce dernier sur son site d'e-commerce en éliminant la concurrence ?

La Commission européenne fait barrage

Cette question, la Commission européenne se l'est posée lors de l'examen de l'acquisition et a demandé des garanties pour préserver un jeu équitable de la concurrence.

iRobot Roomba evitement obstacle

iRobot et son système iRobot OS ne finiront pas dans l'escarcelle d'Amazon

Le groupe Amazon n'ayant pas souhaité apporter les remèdes réclamés, qui n'allaient peut-être pas dans le sens de sa stratégie, l'acquisition de la firme iRobot est finalement abandonnée en ce début 2024, un an et demi après son annonce.

Un mauvais pressentiment diffusé par le Wall Street Journal avait déjà porté un rude cours au cours en Bourse de iRobot il y a quelques jours et l'abandon officiel ne fait qu'aggraver la situation avec une nouvelle chute de 15% de la valeur de l'action.

iRobot dans la tourmente

La proposition de rachat pour 1,7 milliard de dollars se soldera finalement par une pénalité de 94 millions de dollars à verser par Amazon pour rupture du processus d'acquisition.

iRobot a aussitôt annoncé des mesures de restructuration qui vont conduire à une réduction des dépenses en R&D et en marketing, ainsi que l'abandon des développements de produits hors robots aspirateurs, comme les purificateurs d'air et les robots tondeuses qui lui ouvraient pourtant de nouvelles perspectives.

La réorganisation s'accompagnera du licenciement de 350 personnes, soit près d'un tiers de son effectif. L'action d'iRobot, qui évoluait vers 40 dollars en début d'année, a désormais chuté à un peu plus de 15 dollars, avec une valorisation passant sous les 400 millions de dollars depuis l'annonce.