Anduril, la société de Palmer Luckey, fondateur d'Oculus VR, lance EagleEye, une suite de systèmes de réalité mixte pour l'armée américaine.
Développée en partenariat avec Meta et propulsée par l'IA Lattice, cette technologie vise à succéder au programme IVAS de Microsoft, promettant de transformer les soldats en véritables "technomanciens" sur le terrain.
Casque IVAS en version HoloLens de Microsoft
Le concept du soldat équipé d'une interface de réalité augmentée n'est pas nouveau. L'armée américaine a longtemps poursuivi cet objectif, notamment avec le programme IVAS (Integrated Visual Augmentation System).
Confié à Microsoft, le projet s'est heurté à de nombreux écueils techniques, laissant un vide stratégique et technologique.
Un projet personnel aux allures de revanche
C'est dans ce contexte qu'intervient Anduril Industries, fondée par Palmer Luckey. L'entrepreneur, connu pour avoir créé l'Oculus Rift avant de le vendre à Facebook (devenu Meta) puis d'en être évincé, n'a jamais caché son ambition. Il a lui-même qualifié ce projet d'extension d'un "concours" avec Mark Zuckerberg.
Casque EyeEagle d'Anduril
La boucle est désormais bouclée, et de manière spectaculaire. Anduril collabore officiellement avec Meta, qui fournit des technologies d'affichage cruciales pour EagleEye.
Luckey a d'ailleurs déclaré avec une certaine satisfaction : "J'ai récupéré tous mes jouets", faisant référence à la propriété intellectuelle développée chez Oculus et Meta.
EagleEye : une famille de systèmes modulaires
EagleEye n'est pas un simple gadget de plus mais une véritable "famille de systèmes". Conçue pour être modulaire, la technologie se décline en lunettes légères, visières et casques balistiques intégraux, en cherchant à s'adapter aux besoins spécifiques de chaque soldat, du logisticien à l'opérateur en première ligne.
Le cœur du dispositif est la plateforme logicielle d'Anduril, Lattice. Cette IA permet d'agréger et d'afficher des informations cruciales en temps réel sur l'écran du soldat : position des alliés, ordres de mission, contrôle de drones, et bien plus encore. L'idée, selon Luckey, n'est pas de donner un outil, mais un "nouveau coéquipier".
Comment éviter les erreurs du passé ?
Le plus grand défi d'EagleEye sera de réussir là où l'IVAS de Microsoft a échoué. Le système précédent était tristement célèbre pour provoquer des nausées, des maux de tête et sa lueur était visible à des centaines de mètres, un défaut potentiellement fatal en opération.
Interrogé sur ces difficultés, Palmer Luckey se montre particulièrement confiant, voire arrogant : "Je maîtrise parfaitement ce sujet". Il explique que les problèmes de "cybersickness" (mal des transports virtuel) sont liés à une désynchronisation entre la vue et l'oreille interne, un problème qu'il affirme avoir déjà résolu par le passé grâce à sa maîtrise de la latence et du calibrage.
Les premières livraisons de prototypes à l'armée américaine sont prévues pour le deuxième trimestre 2026. Si Anduril parvient à tenir ses promesses, EagleEye pourrait non seulement équiper l'armée mais aussi s'étendre à d'autres secteurs comme les services d'urgence, marquant une étape décisive dans l'intégration de l'homme et de la machine.