Anduril et EDGE Group s'associent pour lancer Omen, un drone VTOL hybride-électrique. Conçu pour être indépendant des pistes, modulable et doté d'une grande autonomie, il vise à concurrencer des aéronefs bien plus grands sur des missions de surveillance ou de logistique.
Le secteur des aéronefs autonomes est en perpétuelle mutation, poussé par la nécessité stratégique de disposer de systèmes capables d'opérer sans les contraintes des pistes d'atterrissage traditionnelles.
Dans ce contexte, l'annonce d'un nouvel acteur n'est jamais anodine, surtout lorsqu'elle émane d'une société comme Anduril, réputée pour son approche logicielle et ses systèmes pilotés par intelligence artificielle.
Un partenariat stratégique pour une ambition démesurée
La nouveauté ne réside pas seulement dans l'appareil lui-même, mais aussi dans l'alliance qui le porte. L'entreprise californienne Anduril s'est associée au conglomérat de défense des Émirats arabes unis, EDGE Group, pour créer une coentreprise baptisée Edge-Anduril Production Alliance.
Son ambition est de concevoir, développer et produire localement des systèmes autonomes pour les marchés du Moyen-Orient et au-delà.
Loin d'être un simple concept, le projet Omen est déjà sur des rails solides. EDGE a injecté 200 millions de dollars dans l'aventure, et un client émirati, dont tout indique qu'il s'agit de la force aérienne du pays, a déjà passé une commande ferme pour 50 exemplaires.
Cette démarche ancre le projet dans une réalité industrielle immédiate, bien loin des simples démonstrateurs technologiques.
Omen, un "tail-sitter" aux caractéristiques prometteuses
Techniquement, l'Omen est un drone de type tail-sitter à décollage et atterrissage vertical (VTOL), mesurant environ trois mètres de haut. Classé dans la catégorie "Group 3" par l'armée américaine, il se positionne volontairement dans la fourchette haute de ce segment, tant en poids qu'en capacités.
Shane Arnott, vice-président senior chez Anduril, affirme que sa capacité d'emport de charge utile est trois à cinq fois supérieure à celle des drones concurrents de la même catégorie.
Le cœur de l'innovation réside dans sa propulsion hybride-électrique, un défi technique sur lequel Anduril travaille depuis 2019. Cette technologie, développée en partie grâce à des partenariats avec des sociétés comme Archer Aviation, permet de concilier la puissance nécessaire au décollage vertical et l'efficacité énergétique requise pour un vol de croisière à longue distance.
Ses caractéristiques veulent assurer des portées pertinentes pour la région Indo-Pacifique, une zone où l'autonomie est un facteur critique.
Au-delà du drone, une plateforme multi-missions
La véritable rupture qu'Anduril souhaite provoquer se situe au niveau des missions. L'Omen n'est pas pensé uniquement comme un drone de reconnaissance, mais comme une plateforme modulaire capable de s'attaquer à des tâches traditionnellement dévolues à des aéronefs beaucoup plus imposants et coûteux, comme des avions d'affaires modifiés ou des avions de patrouille maritime.
Grâce à son architecture ouverte et au logiciel d'autonomie Lattice, l'appareil pourra embarquer de multiples capteurs simultanément (radar, capteurs électro-optiques, etc.).
Les applications envisagées sont vastes : patrouille maritime, ravitaillement logistique, relais de communication ou encore détection pour la défense aérienne.
Dans un contexte civil, il pourrait servir de tour de télécommunication volante lors de catastrophes naturelles, restaurant les communications essentielles pour les secours.
La production à grande échelle est prévue pour 2028. Si la première commande est émiratie, Anduril prépare déjà l'avenir avec la construction de son usine hyperscale Arsenal-1 en Ohio, destinée à satisfaire les futures commandes américaines.
L'arrivée d'Omen confirme que la compétition dans le ciel des drones tactiques s'intensifie, et que les lignes entre les différentes catégories d'aéronefs sont de plus en plus floues.