Le feuilleton judiciaire entre Apple et Epic Games continue. Et la tension monte d'un cran. Le sujet brûlant ? Le retour de Fortnite sur l'App Store américain. Une juge fédérale vient de hausser le ton. Elle somme Apple de s'exécuter. Ou de fournir des explications légales très solides pour son refus.

Ultimatum judiciaire : Fortnite doit revenir, ou Apple doit s'expliquer

La juge de district américaine Yvonne Gonzalez Rogers connaît bien ce dossier tentaculaire. Elle le supervise depuis le début. Son impatience est désormais palpable. Dans une ordonnance datée de ce lundi 19 mai 2025, elle a été très claire. Apple doit soit approuver la soumission de Fortnite par Epic Games sur le Play Store, soit se présenter devant le tribunal. Là, il faudra justifier "l'autorité légale sur laquelle Apple prétend pouvoir ignorer l'ordonnance de cette Cour". La juge est directe : "Apple est pleinement capable de résoudre ce problème sans plus de briefing ni d'audience". Pour bien marquer le coup, elle a même exigé qu'Apple désigne un responsable. Cette personne sera chargée de la conformité aux décisions de justice. Si le conflit n'est pas réglé, ce dirigeant devra comparaître en personne. L'audience est fixée au 27 mai. Cette demande de nom fait craindre à certains des accusations d'outrage au tribunal si Apple ne coopère pas rapidement.

Un conflit ancré dans la bataille des commissions

Ce nouveau coup de théâtre n'est qu'un épisode de plus. Epic Games avait récemment resoumis Fortnite à l'App Store américain. L'éditeur s'appuyait sur une précédente victoire. La justice lui avait accordé le droit d'inclure des liens vers des paiements externes, contournant ainsi la fameuse commission d'Apple. Mais Apple a bloqué cette nouvelle tentative. La firme de Cupertino veut attendre la décision de la 9ème Cour d'appel. Celle-ci doit statuer sur sa demande de sursis à l'exécution de l'injonction. Tim Sweeney, le PDG d'Epic Games, l'a résumé ainsi : Apple aurait déclaré "ignorer la soumission de Fortnite jusqu'à la décision de la cour d'appel". Une décision attendue fin mai ou en juin. Epic Games a donc réagi en déposant une motion pour forcer l'application de l'injonction. La juge Gonzalez Rogers a d'ailleurs souligné dans son ordonnance qu'après 12 jours, la cour d'appel n'avait toujours pas accordé ce sursis à Apple. Pour rappel, ce combat a débuté en 2020. Apple avait alors retiré Fortnite de sa boutique, après qu'Epic ait osé implémenter son propre système de paiement.

Plus que Fortnite : les règles de l'App Store en jeu

Cette saga judiciaire a déjà provoqué quelques changements, même limités, dans les règles de l'App Store. Après une première décision en 2021, Apple avait dû, sous conditions, autoriser les liens vers des paiements externes. La firme continuait cependant de prélever une commission de 27% sur ces transactions. Elle imposait aussi des écrans d'avertissement aux utilisateurs. Mais fin avril dernier, la juge Gonzalez Rogers a durci le ton. Elle a estimé qu'Apple était en "violation délibérée" de l'injonction concernant ces pratiques. Selon elle, les achats hors-application ne devraient pas être soumis à une commission d'Apple. C'est ce jugement qui semblait rouvrir la porte à Fortnite. D'autres grandes applications, comme Spotify ou Amazon Kindle, ont d'ailleurs pu mettre à jour leurs versions avec ces options de paiement externe, et Apple les a approuvées. L'issue de ce nouveau face-à-face entre la justice et la firme de Cupertino pour Fortnite est donc très attendue. Elle pourrait avoir des conséquences importantes sur la régulation du marché des applications mobiles, bien au-delà des États-Unis, même si en Europe, la situation a déjà été en partie réglée par la mise en application du DMA qui force Apple à ouvrir son Play Store ainsi qu'iOS aux applications externes.