La traque des sites de streaming sportif illégal vient de monter d'un cran. Après avoir mis au pas les fournisseurs d'accès à Internet et les moteurs de recherche, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) s'attaque désormais à la deuxième ligne de défense des pirates : les réseaux privés virtuels, plus connus sous le nom de VPN.

Le régulateur a exigé le blocage de 295 sites spécialisés dans la diffusion pirate de compétitions sportives, mettant les fournisseurs de VPN dans une position plus qu'inconfortable.

Comment l'Arcom peut-elle imposer ce blocage aux VPN ?

Cette nouvelle offensive s'appuie sur un arsenal juridique renforcé, notamment l'article L.333-10 du code du sport. À la demande des ayants droit comme Canal+ et beIN Sports, qui ont déjà obtenu des décisions de justice initiales, l'Arcom peut désormais ordonner l'extension de ces blocages à de nouveaux sites miroirs sans avoir à retourner devant un tribunal.

C'est une sorte de "service après-vente" judiciaire qui permet une réactivité accrue face à la multiplication des sites pirates.

Pourquoi les VPN sont-ils devenus la nouvelle cible ?

La raison est simple : l'évolution des usages. Alors que les blocages au niveau des fournisseurs d'accès à Internet (FAI) sont devenus monnaie courante, de très nombreux internautes se sont tournés vers les VPN pour contourner ces restrictions. En masquant leur connexion réelle et en simulant une localisation à l'étranger, ils pouvaient continuer d'accéder aux contenus illicites.

En ciblant directement les VPN, les autorités s'attaquent donc au maillon fort de la chaîne de contournement, espérant rendre l'accès au streaming illégal beaucoup plus complexe.

Quelle est la position des fournisseurs de VPN ?

Pour les fournisseurs de VPN, la situation est délicate. Leur modèle économique et leur marketing reposent sur la promesse de confidentialité et de liberté d'accès à Internet. Devenir des agents de censure, même sous contrainte légale, heurte de plein fouet leur image de marque. Certains, comme NordVPN, ont déjà qualifié la mesure d'inefficace, arguant qu'il serait plus pertinent de s'attaquer à la source du problème : les hébergeurs des sites pirates et leurs flux financiers.

Néanmoins, ils sont légalement tenus de se conformer aux décisions de justice françaises. En cas de refus, l'Arcom ou les ayants droit pourraient saisir la justice en urgence, ouvrant la voie à des sanctions. Cette nouvelle étape de la lutte anti-piratage promet donc un bras de fer juridique et technique intense.

Foire Aux Questions (FAQ)

Quels types de sites sont concernés par ce blocage ?

La liste de 295 sites ciblés par l'Arcom inclut des noms bien connus des amateurs de streaming sportif illégal comme Streameast, Rojadirecta, Firstows, Volkastream ou encore HesGoal. Elle concerne principalement des plateformes diffusant des compétitions dont Canal+ et beIN Sports détiennent les droits, comme la Formule 1, le MotoGP ou le tennis.

Mon VPN va-t-il devenir inutile pour le streaming ?

Non, pas nécessairement. Le blocage demandé par l'Arcom vise une liste précise de sites. Les VPN resteront fonctionnels pour tous les autres usages, y compris l'accès à des contenus légaux géobloqués. Cependant, si votre usage principal était d'accéder à ces sites de sport spécifiques, leur accès pourrait être compromis. Il est toutefois probable que de nouveaux sites miroirs et de nouvelles techniques de contournement apparaissent rapidement.

Cette mesure est-elle vraiment efficace contre le piratage ?

L'efficacité est débattue. D'un côté, elle complexifie l'accès au contenu illégal pour le grand public. De l'autre, les experts et les fournisseurs de VPN eux-mêmes soulignent que les pirates trouveront toujours des parades (nouvelles adresses, nouveaux services...). Ils estiment que la lutte devrait plutôt se concentrer sur l'assèchement des sources de revenus des sites pirates (publicité, abonnements) et la poursuite de leurs hébergeurs.