Avec l’Internet des objets (IoT), il devient possible de connecter toutes sortes d’objets à un (ou plusieurs) réseau et d’en connaître avec plus ou moins de précision la position et l’état, et éventuellement de nouer une interaction, en plus du classique géopositionnement par satellite qui est longtemps resté la solution principale de suivi.
Les possibilités sont quasiment infinies et ce domaine représente ce qu’on nomme l’Asset Tracking ou suivi des actifs en français. Le but est bien sûr d’avoir un suivi en temps réel ou a posteriori d’un bien, d’un véhicule ou d’une personne et de s’assurer qu’il arrive à la destination et / ou dans l’état prévu par une surveillance distante, ou au contraire qu’il n’a pas quitté un périmètre donné !
L’Asset Tracking peut concerner aussi bien des problématiques de logistique et transport, de sécurité des biens et des personnes, de suivi de flotte de véhicules, de gestion d’environnements (ville connectée, agriculture, environnement industriel…). La technique peut être mise à profit pour assurer une localisation, mais aussi vérifier l’intégrité d’une marchandise durant son transport.
Pour les personnes, en particulier, il peut être question de sécurité / authentification, de comptage, ou de localisation, notamment dans les domaines industriels et médicaux.
Suivre, protéger, surveiller
En fonction des besoins, différentes solutions devront être déployées. Si l’objet connecté n’est pas spécifiquement géolocalisé, son état sera identifié lors de passages par des points de contrôle, avec l’inconvénient de ne pas savoir ce qui se passe entre les checkpoints. Des systèmes simples, par exemple avec code-barre ou d’autres signalétiques, peuvent alors être utilisés.
S’il est géolocalisé, un certain nombre d’éléments devront être pris en compte, comme la précision de la localisation, la nature de son mouvement (qui détermine par exemple si un objet est utilisé ou non, voire s’il est volé) et dans certains scénarios le besoin de calculer un itinéraire (gestion de flotte, optimisation du transport, etc) avec souvent des algorithmes d’optimisation des parcours selon les actifs disponibles.
On pourra également affiner, si besoin en ayant recours à de l’indoor tracking ou de l’outdoor tracking, chacun de ces domaines ayant ses spécificités, tant en termes de capteurs que de réseaux.
A partir de la définition de ce contexte, il sera alors possible de choisir les technologies les plus adaptées, tant du côté du capteur qui accompagnera l’objet connecté ou la personne, que du choix du réseau et des solutions logicielles de suivi.
Si le tracking GPS est une bonne solution en extérieur, de nombreux facteurs peuvent conduire au blocage du signal. Un tracking par réseau cellulaire peut alors être mis en place avec les contraintes de couverture du réseau et de sensibilité du module IoT.
Pour de l’asset tracking en intérieur, d’autres types de réseau peuvent être plus intéressants, comme le RFID avec par exemple un réseau de capteurs permettant de retrouver facilement des équipements au sein des bâtiments, depuis un smartphone ou une tablette, ou bien en Bluetooth ou WiFi.
Pour des conteneurs routiers, l’utilisation du réseau cellulaire peut être un atout pour un suivi continu, en association avec la mesure de détection de mouvement, de pression ou d’humidité.
Quant aux conteneurs pour du transport maritime, le tracking GPS reste la solution la plus simple à mettre en place, en attendant peut-être de voir émerger des réseaux Internet par satellite bon marché et capables de couvrir tout le globe terrestre.
Capteurs actifs ou passifs
Selon la technique de tracking utilisée, plusieurs aspects devront en outre être pris en compte, tels que le volume de données à échanger, la gestion du handover et du roaming pour les déplacements internationaux, mais aussi la gestion de l’autonomie des capteurs, ce qui pourra imposer un régime de fonctionnement discontinu pour en préserver la batterie.
Il existe toutefois des astuces (capteur relié à la batterie du véhicule, déclenchement par détection de mouvement ou programmé ou au contraire pour signaler l’arrêt d’une machine ou d’un équipement) pour permettre une adaptation à toutes les situations.
Il est également possible de maintenir les capteurs en veille et de ne les solliciter que sur demande. Il faudra toutefois dans ce cas disposer de modules capables de communication bidirectionnelle.
L'importance du choix du réseau
En fonction des besoins, on pourra donc se tourner vers de nombreux types de réseaux, de ceux à courte portée et faible volume de données (RFID, Zigbee) aux classiques connectivités sans fil WiFi et Bluetooth pour des réseaux privés de portée courte à modérée, en passant par des systèmes cellulaires comme le LTE-M pour des portées étendues.
On notera qu’il est aussi possible de recourir à des réseaux LPWAN et satellitaires selon les usages attendus. Ces domaines évoluent rapidement et voient leurs coûts se réduire régulièrement, tandis que l’on dispose maintenant de bons retours sur ces types d’usage, avec des solutions clés en main pouvant combiner plusieurs technologies de suivi et des interfaces personnalisables.
L’Asset tracking va être amené à connaître une évolution rapide avec l’arrivée de la 5G et les capacités améliorées de gestion de grands nombres de capteurs, par exemple pour les réseaux des villes intelligentes ou smart cities, mais aussi avec les réseaux privés 5G et l’automatisation des usines et sites industriels, la nouvelle technologie pouvant recouvrir plusieurs types d’usages des réseaux actuels.
Enfin, il conviendra de ne pas oublier de décider du niveau de sécurité à appliquer. Les besoins ne seront évidemment pas les mêmes pour gérer l’inventaire d’un entrepôt ou bien pour répondre aux impératifs du secteur médical. Ces aspects concernent autant les éléments physiques de l’Asset tracking que la couche logicielle de supervision.
On n’oubliera pas toutefois que le suivi des actifs existe en premier lieu pour assurer un gain de temps et d’argent et ne doit pas se transformer en une véritable usine à gaz ingérable !
D’où l’importance d’identifier dès le début les besoins et les contraintes plutôt que d’empiler des couches pas toujours bien imbriquées à mesure que de nouveaux besoins ou difficultés apparaissent.