Depuis plusieurs mois, l’astéroïde 2024 YR4 focalise l’attention des astrophysiciens. D’abord considéré comme une menace directe pour la Terre, ses calculs d’orbite ont finalement relevé une probabilité quasi nulle d’impact sur notre planète (0,00081%), mais une inquiétante chance de 4% de frapper la Lune à la fin de l’année 2032.

La perspective d’une collision lunaire soulève des interrogations majeures : quelles conséquences pour la Station spatiale internationale (ISS), les satellites et les futures missions Artemis ? Faut-il aller jusqu'à envisager une explosion nucléaire dans l’espace pour prévenir le pire ?

Pourquoi l’astéroïde 2024 YR4 fait-il frémir la communauté scientifique ?

Découvert en décembre 2024, YR4 est surnommé le “city killer” : sa masse et sa taille (plus de 60 mètres de diamètre, selon les données croisées) pourraient engendrer une dévastation locale en cas d’impact.

Si les risques pour la Terre semblent aujourd’hui écartés, ceux d’un choc avec la Lune restent suffisamment élevés pour justifier une mobilisation massive. En cas de collision, des millions de tonnes de débris lunaires seraient projetés dans la trajectoire terrestre et des satellites pourraient être endommagés, tout comme la Station spatiale internationale.

“L’impact pourrait compromettre les missions d’exploration de la NASA et impacter la sécurité des astronautes du programme Artemis”, résument les auteurs de l’étude soumise à validation scientifique.

La solution nucléaire : fantasme de science-fiction ou choix pragmatique ?

Face à l’urgence, une équipe réunissant des spécialistes de la NASA propose d’envoyer non pas une, mais deux bombes nucléaires de puissance 100 kilotonnes, capables de naviguer elles-mêmes jusqu’à l’astéroïde puis de le pulvériser.

La force de cet arsenal s’étalerait entre cinq et huit fois celle des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki, une puissance inégalée dans l’histoire spatiale. Une bombe serait utilisée directement, la seconde tenue en réserve en cas d’échec, avant d’être désactivée au loin si inutile.

“Cette opération rappelle sans détour le scénario du film Armageddon, mais présente le mérite d’agir vite et fort face à une menace spatiale complexe”, jugent les observateurs.

Pourquoi écarter les méthodes classiques de défense planétaire ?

Depuis le succès de la mission DART en 2022, qui avait dévié un astéroïde en le percutant frontalement, le recours à la déviation cinétique figurait parmi les options envisagées.

Mais pour YR4, le temps manque cruellement : un lancer de mission de reconnaissance ne serait envisageable qu’en 2028, soit trop tard pour garantir une préparation robuste et efficace.

La masse incertaine de YR4 complique la simulation d’un impact et la conception des engins et la fenêtre de lancement pour une mission nucléaire s’étendrait de 2029 à 2031, offrant un délai légèrement supérieur pour intervenir.

“Les méthodes de déflection classiques apparaissent impraticables du fait des marges d’incertitude et du délai trop restreint”, soulignent les chercheurs.

Risques, controverses et défis de la solution nucléaire dans l’espace

Une explosion nucléaire en orbite : la solution est audacieuse, mais soulève des débats éthiques, techniques et géopolitiques. L’expérience “Starfish Prime” des années 60 avait montré que les impulsions nucléaires dans l’atmosphère et en orbite peuvent gravement perturber les équipements électroniques.

Les risques sont multiples, entre la destruction partielle ou la fragmentation de l’astéroïde, avec des risques de debris multiples, aux effets imprévisibles pour la Lune et son environnement, en passant par les problématiques de décisions internationales et de coupes budgétaires pour la NASA qui compliqueront le développement en urgence d'une mission.

Les conséquences d’une détonation nucléaire près de la Lune n’ont jamais été testées : les incertitudes restent majeures sur la viabilité et la sécurité du procédé, font valoir les scientifiques.