Le 4 juin dernier, le groupe Aylo avait décidé de suspendre de son propre chef l'accès depuis la France à plusieurs sites pornographiques dans son giron. Un sabordage touchant Pornhub, Redtube et YouPorn.
« En suspendant l'accès à notre site en France, nous prenons position : nous refusons de compromettre votre vie privée avec des mesures qui, paradoxalement, échouent à protéger efficacement les mineurs », indiquait un message sur les sites concernés.
L'initiative était une forme de protestation et moyen de pression contre l'obligation d'un contrôle robuste de l'âge voulu par la France et s'appuyant sur une solution en double anonymat, pour protéger les mineurs. Aylo défend une vérification de l'âge des utilisateurs qui serait effectuée directement sur l'appareil.
Coup de théâtre
Pornhub, Redtube et YouPorn sont désormais de nouveau accessibles en France, dans les mêmes conditions qu'auparavant. Le contrôle de l'âge s'appuie sur une simple déclaration de majorité via l'appui sur un bouton.
Ce revirement de situation s'explique par la décision du tribunal administratif de Paris en début de semaine. Saisi par Xhamster (Hammy Media), il a suspendu en urgence l'arrêté ministériel du 26 février 2025, en raison d'un doute sur sa compatibilité avec le droit européen.
Sous peine de sanctions par l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), l'arrêté oblige les sites pornographiques basés dans un autre État membre de l'Union européenne à mettre en place une vérification d'âge conforme. Il s'avère que Aylo est basé à Chypre.
Le gouvernement va contre-attaquer
L'Arcom a la possibilité d'agir vis-à-vis de sites pornographiques établis en France ou en dehors de l'Union européenne, mais ce n'est pas aussi direct concernant les sites pornographiques domiciliés ailleurs.
« La décision du tribunal administratif de Paris de suspendre l'exécution de l'arrêté, fondée sur des questions de compatibilité avec le principe européen du pays d'origine, offre l'occasion de reconsidérer des approches plus efficaces en attendant la position de la Cour de justice de l'Union européenne », écrit Aylo dans un communiqué.
Ministre déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz avait déjà annoncé un pourvoi en cassation devant le Conseil d'État pour rétablir l'obligation immédiate des sites visés par l'arrêté de mettre en place un dispositif de vérification d'âge.