L’étude des échantillons de l’astéroïde Bennu, ramenés par la mission OSIRIS-REx de la NASA, a révélé des découvertes extraordinaires. Les scientifiques ont trouvé à sa surface des poussières plus anciennes que notre Système solaire, ainsi que des éléments témoignant d’un passage à travers l’espace interstellaire.

Ces résultats transforment Bennu en véritable témoin des origines cosmiques et ouvrent une fenêtre inédite sur l’histoire de la matière.

Un astéroïde porteur de poussières d’avant le Soleil

Parmi les fragments analysés, certains grains sont bien plus anciens que les planètes ou même que notre propre étoile. Ils proviennent de générations d’étoiles disparues depuis des milliards d’années. Les chercheurs parlent de stardust, littéralement des poussières d’étoiles, qui se sont formées dans des environnements cosmiques antérieurs au Soleil.

osiris-rex-bennu-repetition

La sonde OSIRIS-REx au moment de la collecte sur Bennu

Ces poussières donnent un aperçu unique de la façon dont la matière circule dans la galaxie. Leur présence sur Bennu confirme que l’astéroïde n’est pas seulement un vestige de la formation du Système solaire, mais aussi un réservoir de matériaux plus anciens ayant survécu à travers le temps et l’espace interstellaire.

En d’autres termes, Bennu est à la fois un témoin du passé du Soleil et un messager d’époques révolues de l’univers. La NASA précise que certains échantillons contiennent des isotopes rares, dont la composition ne peut s’expliquer que par des phénomènes ayant eu lieu bien avant la naissance de notre Système solaire. Cela confirme que l’astéroïde est en quelque sorte une capsule temporelle cosmique.

Une composition complexe révélée par OSIRIS-REx

Les analyses réalisées grâce à de puissants microscopes et spectromètres montrent que Bennu possède une composition chimique plus variée que prévu. On y retrouve notamment des minéraux riches en carbone, qui indiquent la présence de matière organique primitive, des traces d’argiles ayant interagi avec l’eau dans un passé lointain mais aussi des éléments métalliques témoignant de réactions à haute température.

Bennu analyse poussiere

Credits: NASA/Zia Rahman

Cette diversité laisse penser que Bennu a connu de profondes transformations, combinant des matériaux de différentes origines cosmiques et des évolutions internes liées à son histoire.

La mission OSIRIS-REx a permis de confirmer que ces échantillons ne sont pas uniformes mais témoignent d’une histoire géologique et chimique très riche. Un chercheur cité par la NASA souligne : “Bennu n’est pas une simple pierre de l’espace. C’est un assemblage dynamique qui a voyagé, évolué et intégré des fragments venus de différentes régions du cosmos.”

Ces données consolident l’idée que Bennu contient les clés pour comprendre comment les briques fondamentales de la vie et des planètes ont pu se rassembler.

Un témoin de l’espace interstellaire

Les chercheurs pensent que Bennu a traversé différentes zones de la Voie lactée, récoltant au passage des éléments venus d’environnements éloignés. La présence de poussières interstellaires est la preuve que les petits corps du Système solaire ont pu jouer un rôle fondamental dans le transport de matière entre les étoiles.

Cette hypothèse relance les débats sur la manière dont les planètes se sont enrichies en volatils et en molécules organiques. Si Bennu a collecté ces fragments interstellaires, alors d’autres astéroïdes ont pu également participer à la diffusion de ces matériaux, influençant directement l’émergence de la vie sur Terre.

Une fenêtre sur nos origines

L’étude de Bennu permet non seulement de remonter aux origines de notre Système solaire mais aussi d’entrevoir le rôle des corps célestes dans la circulation de la matière dans la galaxie.

Les prochaines étapes consistent à approfondir les analyses en laboratoire pour déterminer avec plus de précision la proportion de poussières interstellaires et la diversité des minéraux organiques présents.

La mission OSIRIS-REx, en rapportant plusieurs dizaines de grammes de matériaux de l’astéroïde, offre un échantillon d’une richesse scientifique inégalée. Ces matériaux vont occuper les chercheurs pour des décennies entières, tant les données à extraire sont nombreuses. Comme l’a résumé un responsable du projet : “Nous n’avons pas seulement ramené des roches, nous avons ramené des témoins directs de la formation de notre univers.”

Vers de futures explorations

Bennu n’est qu’un premier jalon dans la quête des origines cosmiques. D’autres missions sont prévues pour explorer de nouveaux astéroïdes et confirmer ou contredire ces conclusions. Chaque particule analysée devient une pièce supplémentaire du puzzle cosmique.

Alors que la NASA et ses partenaires multiplient les analyses, la communauté scientifique regarde déjà vers l’avenir : collecter d’autres échantillons sur différents types d’astéroïdes pourrait révéler si ces poussières interstellaires sont présentes partout, ou si Bennu représente une exception rare. 

Source : NASA