Le groupe Boeing vient de réussir une étape majeure dans le développement de son drone MQ-28 Ghost Bat, avec la fin d’une véritable campagne d’essais très attendue validant le concept et les technologies embarquées d'un futur drone compagnon des avions de combat.

Mais que cache réellement cette « chauve-souris fantôme », ce drone de combat collaboratif qui pourrait bouleverser le visage de la défense aérienne, des scénarios d’escorte à la sécurisation des missions longue portée ?

Nouveau tournant pour la guerre aérienne

Boeing a annoncé le 5 septembre la réussite de la campagne de tests de son drone de combat collaboratif MQ-28, menée en partenariat avec la Royal Australian Air Force.

Les résultats dépassent les attentes, avec une validation sur des scénarios réels, tous alignés sur les missions modernes de frappe et de défense. À l’issue de quatre mois intensifs, le Ghost Bat a cumulé 150 heures de vol et plus de 20 000 heures de tests virtuels, démontrant une autonomie poussée, la gestion simultanée de plusieurs drones pour des effets de masse, et une collaboration fluide avec des avions de surveillance et de gestion du champ de bataille.

Ce drone, développé sur le modèle d’un « loyal wingman », s’impose comme le partenaire idéal des avions de chasse, capable d’escorter, protéger, mais aussi d’attaquer sans pilote à bord. Prochaine étape : des campagnes de tir dès la fin 2025, promettant une montée en puissance opérationnelle.

Un drone armé, prêt à repousser les limites

Le Ghost Bat n’est pas qu’un simple accompagnateur : il s’apparente déjà à un acteur central des futurs systèmes de défense aérienne. Boeing l’a conçu pour évoluer aux côtés des avions de chasse, et bientôt, dans les futurs programmes majeurs comme le SCAF européen, le Tempest anglo-italien ou le NGAD (Next Generation Air Dominance) américain.

Les « drones armés accompagneront les avions pilotés pour abattre les défenses adverses et décupler la force de frappe », confirme le communiqué. Spécificité technologique : chaque MQ-28 peut embarquer deux missiles AMRAAM en soute et des capteurs avancés, tels que des systèmes de recherche infrarouges (IRST), permettant de détecter et suivre des cibles furtives de façon totalement passive.

Ce dispositif ouvre la voie à des missions furtives en réseau, où l’échange d’informations ne dépend plus uniquement du radar : « La collaboration et la transmission de données sont au cœur de l’innovation ».

Une technologie adaptable, pensée pour le ravitaillement en vol

Dernière avancée : Boeing a récemment évoqué l’ajout d’un système de ravitaillement en vol pour le Ghost Bat dans une vidéo conceptuelle. Des réceptacles spécifiques, intégrés sur le fuselage, pourraient permettre au drone d’être alimenté par un avion-citerne via la méthode du boom, comme les F-22 ou F-35.

La capacité de ravitaillement ouvre des scénarios où les drones, contrairement à un pilote humain, pourraient rester en mission sur de longues durées, franchir de grandes distances sans interruption et se repositionner selon les besoins.

L’Australie, dont la géographie exige une projection de puissance sur l’Indo-Pacifique, serait la première bénéficiaire de cette avancée, tandis que l'Allemagne et d’autres partenaires envisagent déjà leur propre acquisition.

Opportunités industrielles et enjeux européens

La validation de ces essais bouscule le marché : les industriels allemands multiplient les alliances pour renforcer leur position. Airbus collabore avec Kratos sur le drone Valkyrie, Rheinmetall discute avec Boeing et Anduril, estimant à plus de 400 unités la demande future en Europe.

Le PDG de Rheinmetall l’annonce : « Nous pensons que les programmes en cours offrent d’énormes opportunités ». Alors que la France mise sur ses propres innovations (nEUROn de Dassault, projets d’Indra ou Helsing), la compétition s’accélère.

L’intégration du Ghost Bat dans des programmes comme le Scaf ou des escadrons allemands pourrait transformer l’approche tactique des armées européennes, en offrant une puissance de frappe décuplée et une résilience accrue.

Le Ghost Bat, futur pilier du combat collaboratif ?

Avec déjà huit exemplaires livrés à l’Australie en version prototype Block 1, et au moins trois nouveaux Block 2 « en chemin », Boeing accélère les phases d’amélioration pour aboutir à une capacité pleinement opérationnelle. Les tests démontrent une autonomie avancée, la gestion multi-drone et l’interopérabilité en escadron.

Le Ghost Bat pourrait intégrer une doctrine où l’avion de chasse devient un chef d’orchestre, supervisant une nuée de drones armés, capables d’étendre sans précédent le spectre défensif : « Le Ghost Bat permet une offensive de masse tout en garantissant la protection des plateformes critiques comme les ravitailleurs et avions de surveillance ».

Source : The War Zone