Face à un marché automobile européen en difficulté, la Commission européenne a proposé de modifier les règles de la norme CAFE qui régit les émissions de gaz à effet de serre des véhicules.
Alors que les ventes de véhicules électriques restent insuffisantes pour compenser les émissions de CO2 des véhicules thermiques vendus dans le même temps, les constructeurs s'inquiétaient de ne pouvoir répondre aux critères du protocole et de devoir payer de lourdes amendes, dont le montant total était estimé à 15 milliards de dollars.
Lâcher du lest sur les émissions pour préserver les constructeurs européens
Consciente des difficultés rencontrées, entre amour timide du public pour l'électrique et concurrence chinoise destructrice, la Commission a décidé de comptabiliser les émissions polluantes sur trois ans au lieu d'un décompte annuel, de manière à ne pas pénaliser les constructeurs en retards sur les objectifs de ventes de véhicules électriques.
Officiellement, l'objectif de la norme CAFE reste inchangée et seules ses modalités évoluent pour apporter une certaine souplesse aux stratégies industrielle des constructeurs automobiles.
Proposée en mars 2025, la mesure vient d'être validée par les députés européens ce 8 mai, éloignant définitivement le spectre des sanctions. Elle veut contribuer à stabiliser le secteur soumis à de fortes contraintes : ventes de véhicules électriques inférieures aux attentes, concurrence chinoise, tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis...
Mais en relâchant la pression, les associations environnementales craignent que cela ne freine encore un peu plus l'adoption des véhicules électriques, et notamment l'émergence de modèles à des tarifs plus abordables.
L'adoption de l'électrique en question
Entre cet assouplissement de la norme CAFE et la remise en cause potentielle de l'échéance de 2035 qui doit conduire à la fin des ventes de véhicules thermiques neufs, et avec en plus la baisse des aides d'Etat et incitations financières en faveur de l'électrique, les moyens censés pousser vers les motorisations électriques s'effilochent les uns après les autres.
La réduction des émissions polluantes du secteur automobile risque donc de prendre plus de temps que prévu. Au même moment, l'observatoire européen du changement climatique Copernicus constate que la température moyenne à la surface du globe se maintient au-dessus de +1,5 degré par rapport aux niveaux pré-industriel, suggérant que ce seuil établi lors de la COP21 comme celui à ne pas dépasser pour conserver le climat actuel est désormais dépassé.