Depuis que Rimac a pris une participation majoritaire dans Bugatti en 2021, les observateurs s'interrogeaient sur la direction que prendrait la légendaire marque de Molsheim.

L'arrivée de la Bugatti Tourbillon, une hypercar dotée d'un moteur V16 atmosphérique couplé à trois moteurs électriques, a fourni un premier élément de réponse : l'électrification se ferait en douceur, sans renier l'ADN mécanique.

Pourtant, en coulisses, la branche technologique du groupe croate prépare déjà la suite, et elle s'annonce bien plus radicale.

Une batterie à état solide en ligne de mire

Le projet phare de Rimac Technology est sans conteste le développement d'une batterie à état solide (SSB). Nurdin Pitarevic, le directeur des opérations de l'entreprise, a confirmé que le programme était à un stade avancé, avec des tests internes prévus pour bientôt.

Développé avec le spécialiste des cellules ProLogium et les experts en matériaux composites de Mitsubishi, le premier prototype affiche des caractéristiques prometteuses : une capacité de 100 kWh pour un poids inférieur de 30 kg à ses équivalents actuels.

Bugatti Tourbillon, pas encore électrique

La principale promesse de cette technologie réside dans une densité énergétique supérieure de 20 à 30 %, permettant de stocker plus d'énergie dans un volume identique, ou de réduire le poids et l'encombrement à capacité égale.

Selon Nurdin Pitarevic, le « souhait » de l'entreprise serait que cette batterie fasse ses débuts sur un nouveau modèle Bugatti, dont la production est envisagée pour 2030. Une perspective qui positionnerait la marque à l'avant-garde de l'innovation.

Plus qu'une batterie, une stratégie d'intégration

Ce programme de batterie s'inscrit dans une stratégie globale bien plus vaste pour Rimac Technology, qui s'est affirmée comme un fournisseur indépendant de systèmes électriques de haute performance depuis 2022.

L'entreprise développe également des essieux électriques compacts, ou « e-axles », qui intègrent moteur, boîte de vitesses et électronique en une seule unité. Ces modules, configurables pour des puissances allant de 200 à 470 chevaux, équipent déjà des modèles de constructeurs majeurs comme Porsche et BMW.

Un exemple frappant de cette expertise est l'essieu arrière développé pour Ceer, une startup saoudienne. Il délivre une puissance comparable à celle du moteur arrière de la Rimac Nevera (1288 ch) tout en étant significativement plus léger.

Cette double compétence, sur les batteries et les groupes motopropulseurs, permet à Rimac de maîtriser l'ensemble de la chaîne de traction des futurs véhicules électriques de performance.

Quel avenir pour Bugatti à l'horizon 2030 ?

L'annonce de cette batterie pour 2030 met fin aux spéculations qui voyaient Bugatti se contenter de rebadger une Rimac Nevera. Avec la Bugatti Tourbillon, la marque a déjà prouvé sa volonté de suivre sa propre voie.

Ce futur modèle à batterie solide ne viendrait pas remplacer la Tourbillon mais plutôt la compléter, offrant une alternative tout-électrique ou une hybridation encore plus poussée. L'équation est complexe, entre l'évolution des réglementations européennes et les attentes d'une clientèle en quête d'exclusivité technologique.

Si Mate Rimac déclarait en 2022 qu'il n'y aurait ni SUV ni modèle 100 % électrique chez Bugatti avant une décennie, le calendrier semble lui donner raison. La feuille de route se dessine : la Tourbillon V16 hybride pour la présente décennie, puis un nouveau chapitre qui s'ouvrira en 2030.

Source : Autocar.co.uk