La start-up britannique Builder.ai, valorisée à 1,5 milliard de dollars et soutenue par des investisseurs tels que Microsoft, est au cœur d'un scandale majeur. Derrière son assistant virtuel présenté comme une intelligence artificielle avancée, baptisé Natasha, se cachaient en réalité près de 700 employés en Inde qui simulaient en temps réel les réponses attendues, jouant ainsi le rôle de véritables chatbots humains.
Builder.ai se présentait comme une entreprise innovante proposant des solutions d’intelligence artificielle destinées à simplifier le développement d’applications, promettant de « coder une application aussi facilement que de commander une pizza ». Pourtant, alors que la start-up se trouve aujourd’hui en procédure d’insolvabilité, des révélations montrent que le travail prétendument automatisé de Natasha était en réalité assuré manuellement par une vaste équipe d’ingénieurs travaillant derrière les coulisses.
Ce scandale fait écho à une série de difficultés commencées en 2019, lorsque le Wall Street Journal avait émis des doutes sur les compétences techniques en IA de l’entreprise. Malgré cela, Builder.ai avait réussi à lever 445 millions de dollars auprès de Microsoft, du fonds souverain du Qatar, et d’autres investisseurs. Cependant, des audits internes ont dévoilé des incohérences financières majeures, notamment une surestimation des revenus annoncés, qui étaient en réalité beaucoup plus modestes.
Suite à la prise de fonction du nouveau CEO, Manpreet Ratia, ce dernier a découvert non seulement la supercherie autour de l’assistant IA mais également des factures impayées importantes envers des géants comme Amazon et Microsoft. En réaction, près de 1 000 employés ont été licenciés récemment, avant que l’entreprise ne dépose officiellement son bilan.
Ce n’est cependant pas un cas isolé : en 2025, Albert Saniger, fondateur de la start-up Nate, avait été inculpé pour fraude après qu'une enquête du FBI a révélé que son IA était en réalité remplacée par des centaines de travailleurs dans un centre d'appels aux Philippines. Ces cas illustrent parfaitement le phénomène dit d’AI washing, où des sociétés prétendent utiliser l’intelligence artificielle alors que des tâches sont en fait réalisées par des humains, créant une illusion de technologie avancée.