Le calendrier de BYD pour l'Europe prend une tournure inattendue. L'usine de Szeged, en Hongrie, devait lancer la production de voitures électriques dès la fin de l'année 2025, avec une montée en puissance rapide dès 2026. Mais voilà, le constructeur chinois ne semble plus si pressé. La cadence sera plus lente que prévu, et la capacité maximale ne sera pas atteinte, ni en 2026, ni même en 2027. La citadine Dolphin Surf, premier véhicule assemblé sur place, verra donc sa production s'étaler dans le temps. Un contretemps ? Ou une stratégie bien plus calculée ?
Pourquoi la Turquie devient-elle la nouvelle priorité de BYD ?
La réponse semble se dessiner à quelques milliers de kilomètres de là, en Turquie. BYD pousse clairement son usine de Manisa. Le site turc démarrera plus tôt que prévu, et sa montée en puissance s'annonce fulgurante. Le groupe chinois espère y atteindre sa capacité maximale dès 2027, avec une extension déjà planifiée pour 2028. L'objectif est évident : inonder l'Europe avec ses voitures électriques, mais à moindres frais.
Car produire en Turquie permet non seulement de bénéficier d'une main-d'œuvre potentiellement moins chère qu'en Hongrie, mais surtout, c'est contourner les taxes à l'importation européennes. La Turquie, partenaire commercial privilégié de l'Europe, permettrait à ces véhicules d'entrer sur le continent sans la surtaxe imposée aux modèles directement venus de Chine. Une aubaine pour la stratégie de BYD.
Quel est l'impact de ce choix sur l'Union Européenne ?
Du côté de Budapest, on fait grise mine. Pour l'Union Européenne, cette réorientation a un goût amer. Produire davantage en Turquie et moins en Hongrie, cela se traduit par moins d'investissements directs et, surtout, moins d'emplois créés au sein même de l'UE. Un aspect crucial, d'autant que les négociations entre l'Union et la Chine sur les taxes et les prix minimums des véhicules électriques sont toujours en cours.
Cette décision de BYD envoie un signal fort, voire un pied de nez, à la politique européenne visant à encourager la production locale. La Turquie, elle, s'impose comme un hub de plus en plus attractif pour les constructeurs chinois, avec SAIC (MG) et Chery également sur le point de finaliser des projets d'implantation massifs, promettant des milliards d'euros d'investissement et des milliers d'emplois. C'est une nouvelle donne pour l'industrie automobile européenne, qui voit ses efforts de relocalisation potentiellement sapés par ces manœuvres stratégiques.
Quelles conséquences pour le marché français et l'image de BYD ?
Pour la France, cette décision pourrait bien contrarier les plans de développement de BYD. L'usine hongroise était la clé pour contourner les barrières environnementales françaises et rendre les modèles éligibles aux aides à l'achat, comme le bonus écologique ou le leasing social.
Tant que la production reste en Chine, ces dispositifs sont quasiment hors de portée. Si les véhicules BYD sont produits en Turquie, leur éligibilité aux aides reste incertaine, dépendant de calculs complexes sur le score environnemental. Sans ce sésame, BYD risque de rester désavantagé face à des concurrents bien implantés comme Renault, Volkswagen ou Tesla. Au-delà des aides, la production en Europe est un enjeu d'image majeur.
Elle permettrait à BYD de dissiper les réticences envers les constructeurs chinois. En ralentissant la cadence en Hongrie, BYD prend un pari risqué. Bonne intuition ou mauvais calcul ? La réponse se jouera sur le terrain des ventes et de la perception des consommateurs. L'Europe est un marché exigeant, et la conquête de BYD est loin d'être acquise.
Foire Aux Questions (FAQ)
Pourquoi BYD revoit-il ses plans de production en Europe ?
BYD privilégie la Turquie à la Hongrie pour sa production européenne afin de réduire les coûts et, surtout, de contourner les taxes à l'importation imposées par l'Union Européenne sur les véhicules électriques fabriqués en Chine. La Turquie offre un avantage commercial permettant une importation sans surtaxe vers l'Europe.
Quel est l'impact de cette décision sur l'emploi en Europe ?
En privilégiant la production en Turquie, BYD investit moins directement dans l'Union Européenne. Cela signifie moins de création d'emplois et d'investissements au sein de l'UE, un point sensible dans le cadre des négociations commerciales entre l'Europe et la Chine.
Les voitures BYD produites en Turquie seront-elles éligibles aux aides à l'achat en France ?
L'éligibilité des véhicules BYD produits en Turquie aux aides à l'achat en France (comme le bonus écologique) est incertaine. Cela dépendra de calculs complexes basés sur le score environnemental et les coefficients attribués au pays de production. Tant que cette éligibilité n'est pas garantie, BYD pourrait rester désavantagé sur le marché français.