Les câbles sous-marins, qu'ils fassent transiter de l'information ou de l'électricité, constituent un nouvel enjeu de sécurité stratégique et les récents incidents en Mer Baltique rappellent leur importance tout comme leur fragilité.

Après la rupture de câbles sous-marins de fibre optique potentiellement provoqués par le navire chinois Yi Peng 3 parti d'un port russe, un nouvel incident ce 25 décembre a conduit à la perte de puissance de deux câbles sous-marins électriques Estlink 1 et Estlink 2 reliant la Finlande et l'Estonie.

Si des accidents sont toujours possibles (et fréquents), la surveillance accrue du secteur a conduit les autorités finlandaises à s'intéresser à un navire russe, l'Eagle S, soupçonné d'avoir volontairement saboté les câbles.

S'il est particulièrement visé, c'est que les enquêteurs ont constaté l'absence d'une de ses ancres, renforçant l'hypothèse d'une action volontaire et de la disparition de l'objet du délit.

Des incidents répétés qui entraînent une surveillance renforcée

Tandis que les autorités finlandaises cherchent l'ancre disparue éventuellement dans les fonds de la mer Baltique, l'investigation a relevé les marques d'une ancre traînée sur le fond sur plusieurs dizaines de kilomètres jusqu'à ce que la chaîne de l'ancre soit relevée.

Le navire Eagle S aurait ainsi laissé traîné son ancre sur près de 100 kilomètres au total, endommageant les différents câbles reliant Finlande et Estonie. Au vu de sa cargaison illégale de pétrole, il pourrait appartenir à la flotte fantôme russe, un ensemble de navires cherchant à esquiver les sanctions décidées contre la Russie depuis le début du conflit avec l'Ukraine.

Cable internet sous-marin

Depuis les incidents de rupture de câbles sous-marins de fibre optique, les pays de l'OTAN ont décidé de renforcer les patrouilles en Mer Baltique et de se mettre en chasse des suspects dès qu'un événement est signalé.

Le navire chinois Yi Peng 3, peut-être à l'origine des ruptures des câbles C-Lion1 et Arelion en novembre, a eu le temps de mouiller dans des eaux internationales et a pu esquiver la visite des enquêteurs suédois, malgré la promesse de coopération des autorités chinoises.

Pour l'Eagle S russe, la détection a été plus rapide et le navire a été arraisonné dans les eaux territoriales finlandaises, permettant d'ouvrir une investigation plus poussée. Ces tiraillements répétés soulignent les tensions grandissantes entre les pays d'Europe du Nord et un voisin russe assez entreprenant multipliant les patrouilles militaires aériennes et navales à proximité.

Une redondance satellite pour limiter l'effet des sabotages de câbles sous-marins

L'importance stratégique des câbles sous-marins de communication, qui transportent 95% du trafic internet, et la démonstration de la fragilité des infrastructures montrent la nécessité de disposer de réseaux redondants.

Si les câbles sous-marins actifs sont pour le moment en nombre suffisant pour rediriger le trafic internet en cas de rupture de l'un d'entre eux, l'OTAN veut désormais accélérer son projet HEIST (Hybrid Space-Submarine Architecture Ensuring Infosec of Telecommunications) voulant aussi ajouter les constellations satellite comme points de redondance des câbles sous-marins de fibre optique pour constituer des réseaux hybrides plus résilients en cas de sabotage.

OTAN projet HEIST cable sous marin satellite

Il reste toutefois à trouver le moyen d'assurer des débits aussi importants dans l'espace que ceux de la fibre optique. Des communications laser inter-satellites pourraient apporter un début de réponse. Encore faudra-t-il aussi être capable de les protéger contre des agressions provoquées par des armes ASAT (missiles ou laser anti-satellites tirés depuis le sol)  ou par d'autres satellites aux capacités offensives, sans oublier la possibilité d'une destruction massive par arme nucléaire explosée dans l'espace.

Source : Tom's Hardware