La chaleur s’est abattue sur la France, et avec elle, un pic de consommation d’électricité rarement observé à cette période de l’année. Le lundi 30 juin 2025, la demande nationale a atteint 57 gigawatts à 13 heures, soit une hausse de 13 % par rapport à la même date l’an dernier...dont il faut se rappeler que la période était bien moins chaude et donc moins énergivore.

Cette envolée spectaculaire, qui s’inscrit dans un contexte de canicule généralisée, met en lumière l’impact direct de la climatisation sur le réseau électrique, mais aussi les nouveaux défis qui attendent les ménages, les industriels et les gestionnaires d’énergie. Entre factures qui grimpent, production sous tension et risque de coupures, la France découvre l’envers du décor d’un été brûlant.

Climatisation : moteur de la flambée électrique

Impossible d’ignorer le rôle central de la climatisation dans cette hausse soudaine de la demande. Selon les données du gestionnaire RTE, chaque degré supplémentaire en période chaude ajoute entre 700 mégawatts et 1,1 gigawatt de consommation au niveau national. L’équipement des foyers a explosé : 37% des ménages disposent désormais d’un système de climatisation, contre seulement 20% en 2023.

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Cette progression fulgurante s’explique par la multiplication des vagues de chaleur et la recherche d’un confort immédiat, mais elle a un coût. Un climatiseur domestique consomme entre 1,5 et 2,5 kWh par heure, ce qui peut faire grimper la facture à près de 4 euros pour une nuit d’utilisation, et jusqu’à 226 euros sur trois mois d’été pour un usage modéré.

Les demandes d'installation de systèmes de climatisation ont dans le même temps quadruplé par rapport à l'an dernier chez les prestataires, tandis que les plates-formes de commerce en ligne observent une explosion des ventes de ventilateurs et de climatiseurs, avec des pénuries rapides sur certains modèles.

Un réseau électrique sous pression, la production s’adapte

Face à cette demande inédite, le réseau doit s’adapter en temps réel. Si la France reste loin des records hivernaux (vers 90 GW), la surveillance reste de mise. Les pics de consommation mettent à l’épreuve la capacité de production, d’autant que la canicule affecte aussi l’offre.

Centrale nucléaire

Plusieurs réacteurs nucléaires, comme celui de Golfech, ont été mis à l’arrêt préventif en raison de la température élevée des cours d’eau utilisés pour le refroidissement. L'été est aussi souvent une période de maintenance des installations en préparation de l'hiver suivant, ce qui réduit la capacité de production, mais de façon contrôlée.

Le gestionnaire RTE surveille de près le risque de délestage, même si la dernière coupure massive remonte à 1978. La question de la souveraineté énergétique se pose avec acuité, alors que la France doit jongler entre production, importations et arbitrages économiques. 

Factures en hausse et arbitrages pour les ménages

La flambée de la consommation d’électricité ne se limite pas à un enjeu national : elle pèse aussi lourd sur le budget des particuliers. Si le ventilateur reste l’option la plus économique, la multiplication des appareils dans un même logement finit par alourdir la note.

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La climatisation, elle, fait exploser la facture, surtout dans les logements mal isolés ou équipés de plusieurs unités. Les ménages doivent jongler entre confort thermique et maîtrise des dépenses, d’autant que les tarifs de l’électricité peuvent augmenter en période de forte demande. 

Production d’électricité et climat : un équilibre fragile

La canicule bouleverse aussi la production d’électricité. Les réacteurs nucléaires, qui fournissent 60 % de l’énergie nationale, sont parfois mis à l’arrêt pour préserver l’environnement, tandis que la production éolienne chute en raison de la faiblesse des vents lors des épisodes anticycloniques.

Même le solaire, pourtant moins sensible à la chaleur, peut voir son rendement diminuer lors des pics de température. Sans mettre en péril le réseau électrique, ces différents éléments sont à prendre en compte pour que la production s'accorde bien à la demande et contribue à produire de la fraîcheur...en attendant une baisse naturelle des températures qui tarde à venir et risque de se transformer en orages violents.