C'est un scénario digne d'un film de science-fiction qui s'est déroulé à la centrale nucléaire de Gravelines, la plus grande d'Europe occidentale. Début août, une arrivée massive de méduses a provoqué l'arrêt automatique de quatre de ses six réacteurs, paralysant une grande partie du site pendant près de deux semaines. Le 25 août, EDF a finalement annoncé un retour à la normale avec la reconnexion du dernier réacteur au réseau national.

Comment des méduses peuvent-elles stopper des réacteurs nucléaires ?

L'explication est purement mécanique. Les centrales nucléaires côtières, comme celle de Gravelines, pompent d'énormes quantités d'eau de mer pour refroidir leurs circuits. Cette eau passe d'abord par des tambours filtrants pour retenir les débris marins. Lors de cet incident, un banc de méduses, porté par les courants, est venu colmater ces filtres.

L'obstruction a déclenché une mise à l'arrêt automatique des réacteurs concernés, une procédure de sécurité standard pour prévenir toute surchauffe. L'incident a été d'autant plus marquant que les deux autres réacteurs du site étaient déjà en maintenance programmée, provoquant un arrêt total de la centrale pendant 48 heures.

Cet événement était-il dangereux et inédit ?

EDF et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont été formelles : à aucun moment la sûreté des installations, la sécurité du personnel ou l'environnement n'ont été menacés. Le refroidissement des équipements essentiels a toujours été assuré.

Si l'ampleur du phénomène était exceptionnelle, ce n'est pas la première fois que des méduses perturbent une centrale. Gravelines avait déjà connu un épisode similaire dans les années 1990, et d'autres cas ont été recensés au Japon, en Suède ou en Écosse. La nature a simplement rappelé sa capacité à interférer avec nos technologies les plus complexes.

Faut-il s'attendre à ce que cela se reproduise ?

La réponse est très probablement oui. La présence de méduses sur le littoral nord est un phénomène saisonnier, mais les experts constatent une nette augmentation de la fréquence des grands bancs. Cette prolifération peut être attribuée à deux éléments majeurs.

D'un côté, l'élévation de la température des océans due au réchauffement climatique stimule leur reproduction. Par ailleurs, la surpêche, qui supprime leurs prédateurs naturels, leur offre ainsi une plus grande disponibilité de plancton pour se nourrir. Cet incident à Gravelines est donc un symptôme visible des déséquilibres écologiques plus profonds qui menacent nos infrastructures.

Foire Aux Questions (FAQ)

Quels sont les réacteurs qui ont été arrêtés ?

Les quatre unités de production qui se sont arrêtées automatiquement sont les réacteurs n°2, 3, 4 et 6. Les réacteurs n°1 et 5 étaient déjà à l'arrêt pour une maintenance programmée.

Le redémarrage a-t-il été compliqué ?

Le redémarrage s'est fait progressivement. Les deux premiers réacteurs ont été reconnectés dès le 13 août. Le dernier, le n°3, a été remis en service le 23 août. Le processus a toutefois été ralenti par une "recrudescence de méduses" qui a nécessité une brève déconnexion préventive d'un des réacteurs le 20 août.

Pourquoi les méduses prolifèrent-elles ?

Selon les experts, leur prolifération est principalement due à deux facteurs liés à l'activité humaine : l'augmentation de la température des océans due au réchauffement climatique et la raréfaction de leurs prédateurs (comme les tortues ou certains poissons) à cause de la surpêche.