Le fabricant de puces IA Cerebras Systems retire sa demande d'introduction en bourse, une décision inattendue survenant juste après avoir sécurisé 1,1 milliard de dollars.
Cette manœuvre stratégique, qui intervient un an après le dépôt initial, soulève des questions sur sa feuille de route face à son rival Nvidia, malgré une valorisation dépassant les 8 milliards de dollars.
Un an après avoir officiellement déposé son dossier auprès de la SEC, le gendarme boursier américain, Cerebras a fait machine arrière. Dans un document laconique, l'entreprise a demandé le retrait de sa proposition d'offre publique, précisant qu'elle n'avait pas l'intention de la mener à bien "pour le moment".
Cette volte-face intervient dans un contexte de forte demande pour les infrastructures IA, où les acteurs majeurs comme Nvidia dominent le marché.
Une levée de fonds colossale juste avant le retrait
L'annonce est d'autant plus surprenante qu'elle suit de très près une opération financière de grande envergure. En effet, Cerebras venait tout juste de boucler un tour de table de 1,1 milliard de dollars, portant sa valorisation à un impressionnant 8,1 milliards de dollars.
Menée par des investisseurs de premier plan comme Fidelity et Atreides Management, cette injection de capital devait, selon les observateurs, paver la voie vers une entrée réussie sur le Nasdaq.
Le PDG Andrew Feldman avait même affirmé que l'entreprise conservait son aspiration à devenir une société cotée, jugeant simplement le prospectus initial obsolète au vu des avancées fulgurantes du secteur.
Quel est le véritable enjeu stratégique ?
Officiellement, aucune raison n'a été fournie pour justifier ce retrait. Cependant, plusieurs pistes se dessinent. L'entreprise, connue pour ses puces "wafer-scale" comme la WSE-3 et ses 4 000 milliards de transistors, a récemment pivoté son modèle économique.
D'un simple vendeur de systèmes matériels comme le CS-3, Cerebras s'oriente de plus en plus vers la fourniture d'un service cloud. Ce changement de cap, ainsi que la nécessité de mettre à jour sa communication financière, pourraient avoir motivé la décision d'attendre un moment plus opportun pour affronter les marchés.
Un parcours semé d'embûches réglementaires
Le chemin vers la bourse n'a jamais été un long fleuve tranquille pour Cerebras. Son dossier avait déjà connu des retards suite à un examen par le Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS).
En cause, un investissement conséquent de G42, une entreprise d'IA et de cloud basée à Abu Dhabi. Bien que l'autorisation ait finalement été obtenue en mars, cet épisode a pu complexifier le calendrier. La direction de l'entreprise a toutefois démenti tout lien entre sa décision et le "shutdown" du gouvernement américain qui affecte actuellement les services de la SEC.
Avec des liquidités abondantes et une stratégie en pleine redéfinition, Cerebras semble préférer la flexibilité du financement privé à la rugueuse réalité des marchés publics pour l'instant.
Reste à savoir si cette pause n'est qu'un simple contretemps tactique ou le signe d'une réévaluation plus profonde de ses ambitions face à la concurrence féroce dans le secteur.