La Chine rêve de premières mondiales en matière spatiale et la mission Chang'e-6 a permis de combiner plusieurs aspects pour y parvenir. Elle a permis de poser un alunisseur sur la face cachée de la Lune, de prélever des échantillons de sol et, pour la première fois, de les ramener sur Terre pour analyse.
L'étude des fragments lunaires prélevés dans le bassin d'Aitken au pôle sud et les données des instruments scientifiques de l'alunisseur recueillies durant 48 heures relève que le manteau lunaire comprend moins d'eau côté face cachée que côté visible, selon les dernières observations réalisées par des chercheurs chinois publiées dans Nature.
La Lune, un reste de la Terre après une violente collision
Cette information va dans le sens d'une formation chaotique issue du choc d'une proto-planète de la taille de Mars venue frapper la Terre il y a quelque 4,5 milliards d'années.
Cet épisode brutal a envoyé en orbite une partie du manteau de la jeune Terre qui s'est ensuite aggloméré pour former notre satellite naturel, tandis que des traces de la proto-planète seraient toujours présentes dans le manteau terrestre, constituant des formations perturbant le passage des ondes sismiques du fait de leur densité différente avec les roches terrestres qui les entourent.
Les chercheurs ont étudié la présence de thorium dans les échantillons, élément qui signe la présence d'eau dans des matériaux magmatiques, et ils ont ainsi observé que la concentration en thorium était plus forte côté visible que sur la face cachée.
De l'eau bien plus rare sur la face cachée
L'examen des échantillons issus de la mission Chang'e-6 confirme une nouvelle fois la différence entre les deux faces de la Lune, jusque dans sa composition. L'étude estime que la présence d'eau est de 1 à 1,5 µg par gramme de matière côté face cachée contre 15 à 168 µg par gramme de matière sur la face visible.
Il existerait donc bien une véritable dichotomie dans la composition du manteau tout autant que dans l'aspect très différent entre les deux faces de la Lune qui irait dans le sens d'une formation violente et rapide plutôt que d'une accrétion lente qui aurait homogénéisé les éléments dans le manteau.
