C'est un revirement majeur dans un dossier qui empoisonne les débats européens depuis des années. Le projet controversé, surnommé "Chat Control" par ses opposants, qui visait à scanner l'ensemble des communications en ligne, y compris sur les messageries chiffrées comme WhatsApp ou Signal, vient d'être mis au placard. Le Danemark, à la tête de la présidence tournante de l'UE et qui cherchait un compromis afin de relancer le projet, a finalement cédé.

Chat Control (2)

Pourquoi ce projet était-il si controversé ?

Au cœur du débat se trouve le règlement européen CSAR, conçu pour combattre la diffusion de contenus pédopornographiques. Si l'intention est louable, la méthode proposée a soulevé un tollé général, car elle menaçait directement la vie privée des citoyens européens. Elle prévoyait d'obliger les services de messagerie à analyser images, vidéos et URL partagées par leurs utilisateurs.

Pour les défenseurs des libertés numériques et les experts en cybersécurité, une telle mesure créait de fait une porte dérobée dans le chiffrement de bout en bout, une technologie pourtant essentielle qui garantit que seuls l'expéditeur et le destinataire peuvent lire les messages.

whatsapp themes perso.

Quel a été le rôle de l'Allemagne dans ce revirement ?

L'opposition n'était pas seulement citoyenne ; elle était aussi politique et portée par plusieurs pays membres. L'Allemagne a joué un rôle décisif en faisant barrage au projet. Début octobre, la ministre allemande de la Justice, Stefanie Hubig, avait été très claire en affirmant que « le scan à grande échelle des messages privés doit être tabou dans un État de droit ». Cette position ferme, relayée par le ministère, a considérablement renforcé le camp des opposants et rendu impossible l'atteinte d'une majorité qualifiée au Conseil de l'UE pour faire passer le texte en force.

chatcontrol ia

Quelle est la solution désormais envisagée par l'UE ?

Face à cette impasse politique, le ministre danois de la Justice, Peter Hummelgaard, a annoncé un changement de cap significatif. Plutôt qu'une obligation de surveillance, la nouvelle proposition danoise s'oriente vers le maintien du système actuel : une détection volontaire de contenus illicites par les plateformes. L'urgence est réelle, car le cadre légal temporaire qui permet cette détection volontaire expire en avril 2026.

L'objectif est donc de prolonger ce dispositif pour ne pas perdre un outil jugé important dans la lutte contre la pédocriminalité, tout en apaisant les craintes sur une surveillance généralisée. La proposition laisse toutefois la porte ouverte à une réévaluation future, en fonction des « évolutions technologiques », signe que le débat sur l'équilibre entre sécurité et libertés numériques n'est pas encore clos.

Source : Euractiv