Dès le 1er janvier, la Chine va imposer des contrôles stricts sur ses exportations d'argent, le classant comme matériau stratégique.

Cette décision, qui fait écho à la guerre des terres rares, provoque une flambée des prix et suscite l'inquiétude d'Elon Musk et des industries technologiques mondiales, dépendantes de ce métal crucial pour la transition énergétique.

Une stratégie déjà éprouvée, mais aux conséquences inédites

Ce qui se profile n'est pas une interdiction formelle mais un mécanisme bien plus subtil, rappelant la guerre des terres rares de 2010. À l'époque, Pékin n'avait pas bloqué les exportations mais les avait soumises à des licences et des quotas qui n'arrivaient curieusement jamais à satisfaire la demande.

Le résultat fut une flambée des prix et une prise de conscience brutale en Occident : la production de missiles comme de smartphones dépendait du bon vouloir chinois.

Aujourd'hui, le scénario se répète avec une précision redoutable. Pour exporter de l'argent, les entreprises devront justifier d'une capacité de production annuelle de 80 tonnes et de 30 millions de dollars de lignes de crédit.

Il ne s'agit pas d'une norme de régulation mais d'un filtre conçu pour écarter la majorité des acteurs actuels. Sans nationaliser une seule mine, la Chine vient de prendre le contrôle de facto du commerce mondial de l'argent, transformant un levier bureaucratique en une arme économique. Ce verrouillage de l'offre est une manœuvre stratégique délibérée.

Pourquoi l'argent est un cas bien plus complexe que les terres rares

Face à la crise des terres rares, l'Occident a fini par réagir. Des projets miniers ont été lancés en Australie et aux États-Unis pour créer des alternatives. Cela prend du temps mais le processus d'approvisionnement alternatif est en cours.

Pour l'argent, la situation est radicalement différente et bien plus inquiétante. La difficulté est que 70 à 80 % de la production mondiale d'argent est un sous-produit minier.

Concrètement, on ne l'extrait pas pour lui-même, mais en même temps que le cuivre ou le zinc. Il est donc impossible d'augmenter la production simplement parce que les prix grimpent ; il faudrait d'abord décider d'extraire massivement d'autres métaux.

Pire encore, le développement d'une nouvelle mine, de la découverte à la première once, prend entre dix et vingt ans. Il n'y a pas de solution miracle à court terme ; l'approvisionnement est dans une véritable impasse géologique.

Impacts en cascade et avertissements des industriels

La réaction des marchés et des industriels ne s'est pas fait attendre. Le cours de l'argent a plus que doublé en 2025, atteignant des sommets historiques.

L'inquiétude est si vive qu'Elon Musk a publiquement sonné l'alarme sur X : « Ce n'est pas bon. L'argent est nécessaire dans de nombreux processus industriels critiques ». Il sait de quoi il parle : ce métal est indispensable aux circuits électriques, aux batteries et aux cellules photovoltaïques.

Cette décision frappe au cœur de la transition énergétique. Chaque véhicule électrique nécessite entre 25 et 50 grammes d'argent, et chaque panneau solaire environ 20 grammes.

La Chine, qui installe des gigawatts de capacité solaire et produit des véhicules électriques à un rythme effréné, sécurise ainsi son propre approvisionnement tout en mettant ses concurrents sous pression.

La manœuvre de Pékin envoie un message clair : quiconque veut construire le futur de l'énergie devra négocier directement avec eux, et le prix à payer pourrait dépasser le simple coût du métal.