La Chine est privée des puces les plus puissantes par les sanctions américaines, forçant son industrie locale à innover à marche forcée. Dans ce contexte, Moore Threads, fondée par un ancien dirigeant de Nvidia en Chine, vient de présenter sa nouvelle architecture, nom de code Huagang.
L'entreprise annonce des gains de performances si spectaculaires qu'ils semblent presque irréels, avec une multiplication par 15 en rastérisation et par 50 en Ray Tracing par rapport à sa génération précédente.
Quelles sont les promesses de la gamme Lushan pour les joueurs ?
Le nouveau fer de lance pour le grand public, baptisé "Lushan", remplace les anciennes cartes MTT S80 et S90. La promesse de gains de performances est colossale, mais il faut la remettre en perspective : la génération précédente était une véritable catastrophe industrielle, plombée par des pilotes instables. Améliorer un produit médiocre est une chose, mais rivaliser avec les meilleurs GPU du marché en est une autre.
Techniquement, la carte Lushan intrigue avec une fiche technique mentionnant jusqu'à 64 Go de mémoire vidéo, une quantité démesurée pour le jeu mais précieuse pour la création de contenu. Moore Threads garantit aussi une compatibilité native avec DirectX 12 Ultimate, indispensable pour les jeux modernes. Cependant, sans une refonte complète des pilotes, ces spécifications risquent de n'afficher que des écrans bleus en très haute résolution, un problème récurrent qui pourrait une fois de plus freiner les ambitions de l'entreprise face à Nvidia.
Pourquoi l'IA est-elle la véritable cible de Moore Threads ?
Si Moore Threads investit autant, ce n'est pas seulement pour le gaming. La vraie cible, c’est l'IA, un secteur stratégique où la demande pour des solutions locales explose. C'est là qu'intervient le GPU "Huashan", conçu pour rivaliser directement avec les puces Hopper et Blackwell de Nvidia. L'architecture mise sur des chiplets et de la mémoire HBM pour dépasser la bande passante des meilleures cartes américaines, un enjeu clé pour le calcul et la création de contenu.
L'entreprise a même présenté une démonstration du modèle de langage DeepSeek V3 tournant sur ses puces, affichant des scores impressionnants mais invérifiables. La technologie MTLink 4.0 promet de connecter jusqu'à 100 000 GPU en cluster. Pour l'instant, on compare des graphiques PowerPoint à des produits que Nvidia livre par millions. L'intention reste toutefois ferme : bâtir une alternative souveraine pour l'entraînement des grands modèles d'intelligence artificielle.
Cette offensive chinoise est-elle crédible ?
Derrière le marketing agressif se cache une stratégie de substitution nationale. La volonté de la Chine de privilégier les puces locales offre une voie royale à Moore Threads, dont les acheteurs soutenus par le gouvernement doivent s'approvisionner au niveau national. L'entreprise, qui a vu son action quintupler après son introduction en bourse, vise une production de masse en 2026 et la rentabilité d'ici 2027.
Le fondateur, Zhang Jianzhong, a passé 14 ans chez Nvidia, où il a contribué à bâtir l'écosystème local qu'il cherche aujourd'hui à remplacer. Il l'affirme : les développeurs chinois ne devraient plus avoir à attendre la technologie étrangère. Le soutien politique est un catalyseur évident, transformant ces entreprises en symboles d'une indépendance technologique en devenir, même si l'impact réel sur les technologies de pointe reste à prouver.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu'est-ce que Moore Threads ?
Moore Threads est une entreprise chinoise de semi-conducteurs fondée en 2020 par un ancien dirigeant de Nvidia en Chine. Elle se spécialise dans la conception de processeurs graphiques (GPU) pour le jeu vidéo, la création de contenu et, de plus en plus, pour les applications d'intelligence artificielle, dans le but de réduire la dépendance de la Chine vis-à-vis des technologies étrangères.
Les GPU Lushan et Huashan sont-ils déjà disponibles ?
Non, pas encore. L'annonce concerne la nouvelle architecture et les futures gammes de produits. Moore Threads prévoit de lancer la production de masse de ces nouvelles puces basées sur les architectures Lushan et Huashan en 2026. Il faudra attendre des tests indépendants à ce moment-là pour vérifier si les performances annoncées sont au rendez-vous.
Pourquoi la Chine développe-t-elle ses propres GPU ?
Le développement de GPU nationaux est une priorité stratégique pour la Chine en raison des sanctions américaines qui restreignent son accès aux puces les plus avancées, notamment celles de Nvidia. En développant ses propres solutions comme celles de Moore Threads, la Chine cherche à garantir son autonomie technologique, particulièrement dans des secteurs cruciaux comme l'intelligence artificielle, la défense et les supercalculateurs.