Les Etats-Unis imposent depuis plusieurs années des restrictions à la Chine concernant l'accès aux technologies de production de puces électroniques avancées.
Après avoir empêché les échanges commerciaux avec les grands fondeurs internationaux qui utilisent des technologies d'origine US, l'effort s'est porté sur les équipements de lithogravure permettant la production en masse des puces.
D'abord concentrées sur les équipements de pointe, les restrictions ont été étendues aux machines plus anciennes face à l'appétit chinois pour les récupérer et tenter malgré tout de se constituer une activité de production de puces sur des noeuds de gravure plus matures.
Les Etats-Unis ont réussi à entraîner dans leur sillage plusieurs pays producteurs des machines dédiées comme les Pays-Bas et le Japon qui vont ainsi restreindre plus durement leurs exportations vers la Chine.
Importations massives d'équipements avant les restrictions
Cette dernière n'a toutefois pas attendu la mise en place de ces nouvelles mesures. Depuis plusieurs trimestres, elle importe massivement tout ce qu'elle peut en équipements de lithogravure plus anciens et d'occasion.
Selon le Financial Times, les mois de juin et de juillet ont vu des importations massives d'équipements vers la Chine, en amont de la mise en place des restrictions renforcées, depuis le 23 juillet pour le Japon et d'ici le 1er septembre pour les Pays-Bas.
Ces importations ne sont pas toutes destinées à augmenter la production de puces et la Chine semble vouloir disposer de pièces de rechange pour s'assurer que ses lignes de production pourront être maintenues dans le temps.
La Chine veut ainsi se donner les moyens de disposer d'une capacité de production importante de puces, même si ces dernières ne seront pas les plus avancées en exploitant des noeuds de gravure déjà matures mais dont les équipements sont plus faciles à trouver et dont les techniques sont désormais robustes et bien connues, et donc faciles à mettre en place et à maintenir.
Graver moins fin mais assurer une production
ASML, l'un des plus gros fabricants d'équipements de lithogravure, a confirmé que ses clients chinois avaient massivement commandé des machines en mai et juin, pour le plus grand fondeur chinois SMIC mais aussi pour de plus petits et discrets acteurs soutenus par le gouvernement chinois.
Les puces produites servent ses industries de l'automobile électrique, de la transition énergétique et des applications industrielles, qui ne nécessitent pas forcément des puces gravées très finement.
Pour ce qui est des puces avancées, qui pourraient avoir des utilisations militaires et de recherche, la situation est plus compliquée et la Chine est face à un mur technologique la maintenant sur les noeuds 28 et 14 nm, sans pouvoir facilement descendre plus bas, quand les grands fondeurs internationaux proposent du 3 nm et se préparent à descendre à 2 nm d'ici deux ans.