Les restrictions commerciales US freinant l'accès de la Chine aux dernières technologies de gravure de puces électroniques et aux moyens de production ont plutôt bien fonctionné.
Annoncées en 2019 et mises en place durant 2020, ces limitations dans les possibilités d'interactions entre les entreprises US et chinoises mais qui touchent aussi l'accès à des technologies intégrant des brevets d'origine américaine, comme les usines de production de puces avancées à Taiwan et en Corée du Sud, ont donné un coup d'arrêt à l'avancée rapide de la Chine dans le secteur.
La situation s'est encore durcie avec l'extension de ces restrictions à l'exportation des équipements de lithographie les plus modernes mais aussi aux outils plus anciens. Les Etats-Unis ont su convaincre plusieurs nations (Pays-Bas, Corée, Japon...) de renforcer les restrictions d'exportation des outils afin d'empêcher la Chine de s'installer trop confortablement sur les noeuds plus matures.
Le retard sur la gravure a repris de plus belle
Résultat : alors qu'en 2019, le fondeur chinois SMIC était considéré comme ayant trois générations de retard en matière de gravure par rapport aux champions du secteur que sont le taiwanais TSMC et le coréen Samsung Foundry, l'écart se serait creusé et le secteur des semiconducteurs chinois aurait désormais au moins 5 générations de retard.
Les leaders du secteur en sont déjà à proposer de la gravure en 3 nm et préparent activement le passage à 2 nm et en-dessous à partir de 2025 quand l'industrie chinoise reste bloquée sur le noeud 14 nm au mieux.
Certes, des puces gravées en 7 nm semblent avoir émergé en Chine mais elles sont produites en poussant d'anciens équipements de lithographie au-delà de leurs limites de fonctionnement, avec des rendements faibles et incompatibles avec une véritable production de masse.
Sans les outils et les logiciels nécessaires, le rattrapage rapide de la Chine des années 2010 s'est arrêté net à l'orée des années 2020, conduisant à une stagnation pénalisant son industrie et ses activités militaires.
Riposte par les exportations de matières premières
Le pays a bien tenté de se renforcer sur les noeuds supérieurs, notamment le 28 nm, en achetant à tour de bras des équipements plus anciens (de lithographie DUV, notamment, avant qu'ils ne soient à leur tour touchés par les restrictions), neufs ou d'occasion, mais cela ne suffira pas à combler les besoins des secteurs de pointe.
La Chine est pour le moment dans une impasse et est sans doute tentée de trouver par l'espionnage industriel et économique le savoir-faire qui lui manque encore. Ses capacités de réponse restent limitées mais elle a trouvé un semblant de risposte en commençant à restreindre ses exportations de métaux stratégiques comme le gallium et le germanium, depuis le début du mois d'août.
Ces mesures pourraient s'amplifier ces prochains trimestres pour tenter d'alléger le verrou US posé sur les semiconducteurs et l'industrie des puces, dans un contexte de tensions géopolitiques toujours vives, notamment au sujet de Taiwan (où se situent les usines de production de puces les plus avancées au monde) que la Chine compte bien réintégrer à son territoire à court ou moyen terme.