Après de beaux reculs des volumes d'émissions de gaz à effet de serre (GES) ces dernières années, l'année 2024 a marqué le pas, selon les données du rapport trimestriel du Citepa, organisme indépendant évaluant "l'impact des activités humaines sur le climat et la pollution atmosphérique".
Son dernier bilan permet de dresser le portrait des émissions de l'ensemble de l'année 2024 et il n'est pas très bon. Le recul des émissions de gaz à effet de serre n'y a été que de 1,8% l'an dernier, loin des 5,8% de baisse enregistrés un an auparavant et qui n'était déjà pas suffisante pour accompagner le projet de décarbonation de l'économie française.
Après le gros creux d'émissions provoqué par la pandémie en 2020 suivi d'un rebond en 2021 après la fin de la crise, les années 2022 et 2023 avaient affiché des baisses d'émissions de GES encourageantes.
Titillée par les obligations européennes d'une réduction de 55% des émissions de gaz accentuant le réchauffement climatique d'ici 2040 avant la neutralité carbone en 2050, l'Hexagone devrait afficher une baisse annuelle de ses émissions d'au minimum 5% pour tenir le cap.
Des baisses loin des trajectoires prévues
On en est loin, ce qui a conduit la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runnacher à demander la tenue d'un nouveau conseil de planification écologique (CPE) ce lundi 31 mars.
Les autres pays européens n'obtiennent pas forcément de meilleurs résultats tandis que les Etats-Unis n'ont pas connu de baisse des émissions l'an dernier. Le risque climatique étant le dernier des soucis de Donald Trump et la priorité donnée à l'essor de l'IA, avec ses centres de données géants très énergivores, devraient amener les USA à voir rebondir leurs émissions.
De son côté, la Chine privilégie son développement économique et voit ses émissions continuer d'augmenter même si en retour de gros efforts sont portés sur le photovoltaïque et l'hydroélectricité.
En France, la baisse est portée par le secteur de l'énergie (-11,6% de réduction d'émissions de GES) mais freinée par les secteurs des transports et du logement (modulation du dispositif MaPrimeRenov', baisse des installations de pompes à chaleur...).
Comment retrouver un cap sain
Les atermoiements autour de l'adoption des véhicules électriques n'aident pas à réduire les émissions polluantes du secteur, alors même que le protocole CAFE a été remanié pour éviter aux constructeurs automobiles de lourdes amendes et que l'échéance de 2035 pour la fin des ventes de véhciules thermiques pourrait être remise en balance.
La réduction de 6,7 millions de tonnes d'équivalent CO2 de 2024 de l'ensemble de l'activité économique de la France reste loin de l'objectif des 15 millions de tonnes d'équivalent CO2 annuels nécessaires sur 2024-2030 pour atteindre les objectifs prévus.
C'est d'autant plus problématique que ces objectifs sont censés être durcis pour accélérer la décarbonation de l'Europe et que les puits de carbone (dont les captures ne sont pas estimées par le Citepa) perdent de leur capacité avec le dérèglement climatique.