La nouvelle, si elle se confirme, est un véritable coup de tonnerre politique et technologique. L'exécutif de l'Union, la Commission européenne, serait sur le point de prendre une décision stratégique majeure : abandonner le géant américain Microsoft pour l'hébergement de ses services cloud. Selon des informations du média Euractiv, Bruxelles serait déjà en discussions avancées avec le champion français du secteur, OVHcloud, pour orchestrer cette migration historique. Un geste fort pour la souveraineté numérique du continent.

Pourquoi l'Europe veut-elle se défaire des géants américains du cloud ?

La raison principale est la quête de souveraineté numérique. Depuis des années, des voix s'élèvent en Europe pour dénoncer la dépendance technologique du continent vis-à-vis des États-Unis. La Commission européenne, poussée par des initiatives de lobbying comme Eurostack, aurait décidé de "donner l'exemple". En déplaçant ses propres données vers un acteur européen, elle enverrait un signal puissant à toutes les administrations publiques des États membres. Un incident récent, où le compte e-mail d'un membre européen de la Cour Pénale Internationale aurait été supprimé à la demande de Washington, aurait également servi de catalyseur à cette prise de conscience.

Qui sont les candidats pour remplacer Microsoft ?

Le favori est français. Le fondateur et président d'OVHcloud, Octave Klaba, a lui-même confirmé à demi-mot sur le réseau LinkedIn : "Oui, c'est vrai. On bosse sur le sujet avec CE". L'entreprise est donc en "pôle position". Mais la partie n'est pas encore gagnée. Bruxelles discuterait également avec d'autres grands noms européens du secteur. On y retrouve le français Scaleway (groupe Iliad), l'allemand IONOS ou encore l'italien Aruba. La compétition reste ouverte pour ce contrat qui s'annonce aussi stratégique que prestigieux.

Existe-t-il une solution de compromis ?

Oui, et ce serait une façon de ménager la chèvre et le chou. La Commission européenne pourrait se tourner vers une solution de "cloud de confiance". Il s'agit d'initiatives comme Bleu (porté par Orange et Capgemini) ou S3ns (par Thales), qui proposent d'utiliser la technologie de Microsoft ou de Google, mais dans des data centers situés en Europe, opérés par du personnel européen et sous le contrôle de la loi européenne. Cela permettrait de conserver les outils américains tout en garantissant un certain niveau de souveraineté. Cette effervescence sur le marché est d'ailleurs probablement ce qui pousse les géants américains à multiplier les promesses de "cloud souverain" pour rassurer leurs clients européens.

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Cette décision est-elle définitive ?

Non, pas encore. Les sources parlent de "négociations avancées", mais aucun accord n'a été signé. La décision finale de la Commission européenne n'est pas encore officielle, et plusieurs options, y compris celle du "cloud de confiance", restent sur la table.

Qu'est-ce que la souveraineté numérique ?

C'est le principe selon lequel les données numériques d'un État, de ses entreprises et de ses citoyens doivent être soumises aux lois de leur propre territoire, et non à celles de pays étrangers. C'est un enjeu d'indépendance stratégique majeur pour éviter que des données sensibles soient accessibles par des gouvernements étrangers.

Qui est OVHcloud ?

C'est le plus grand fournisseur de services de cloud d'origine européenne. Fondée en France par Octave Klaba, l'entreprise est l'un des rares acteurs du continent capable de rivaliser, sur certains segments, avec les géants américains que sont Amazon Web Services, Google Cloud et Microsoft Azure.