Dassault Aviation et Thales officialisent un partenariat stratégique majeur via l'accélérateur CortAIx. L'objectif est de développer une intelligence artificielle souveraine, de confiance et supervisée pour les futurs systèmes de combat aérien, garantissant ainsi l'indépendance technologique de la France face aux modèles américains et chinois.

L'aéronautique militaire traverse une phase de mutation intense, où la performance des aéronefs ne suffit plus à garantir la supériorité opérationnelle.

Désormais, la capacité à capter, analyser et partager la donnée en temps réel constitue le véritable nerf de la guerre. Dans ce nouvel échiquier, la dépendance à des briques technologiques exogènes, notamment américaines, représenterait une vulnérabilité critique pour les forces armées. C'est pour répondre à cette exigence d'indépendance que les deux géants industriels ont scellé leur union lors du sommet Adopt AI.

Une accélération technologique via cortAIx

Officialisé le 25 novembre au Grand Palais, ce rapprochement s'appuie sur la puissance de frappe de cortAIx, l'accélérateur d'innovation de Thales. L'enjeu dépasse la simple signature de contrat : il s'agit d'intégrer une intelligence artificielle de confiance au cœur des architectures complexes du futur.

Thales Dassault CortAIx

Cette collaboration vise à couvrir l'ensemble du spectre opérationnel, depuis la planification des missions jusqu'à l'analyse situationnelle en temps réel, tout en respectant un cadre éthique rigoureux.

En mutualisant leurs expertises, les deux entités entendent transformer des années de recherche en solutions concrètes, capables d'être déployées rapidement sur les théâtres d'opérations.

Le pilote face aux défis de la robotique aérienne

L'intégration de ces nouvelles technologies ne vise pas à exclure l'humain, mais au contraire à le soulager d'une charge mentale devenue insupportable face à la saturation des flux d'informations.

L'essor de la robotique militaire, avec l'arrivée prochaine de drones accompagnateurs et d'essaims connectés, impose de repenser l'interface homme-machine.

Dassault Rafale

Les algorithmes développés devront trier, fusionner et présenter les données tactiques pertinentes pour permettre aux équipages de se concentrer sur la prise de décision finale.

C'est une approche "man-in-the-loop" qui est privilégiée, garantissant que la machine reste un outil au service du commandement et non un décideur autonome.

Un rempart nécessaire pour l'ingénieur européen

Ce partenariat stratégique s'inscrit également dans une course contre la montre géopolitique face aux initiatives américaines et chinoises qui avancent à marche forcée.

Alors que les États-Unis misent sur une collaboration étroite avec les Big Tech pour leurs programmes de combat collaboratif, la France fait le pari de son propre écosystème pour développer des solutions conformes à l'AI Act européen.

Cette "voie française" est cruciale : elle doit prouver qu'il est possible de concevoir des systèmes de défense de pointe, interopérables avec l'OTAN, sans pour autant céder aux sirènes des boîtes noires technologiques importées d'outre-Atlantique.

La réussite de ce projet déterminera si l'Europe peut conserver sa place de puissance aéronautique de premier rang dans les décennies à venir.