Le cosmonaute vétéran Oleg Artemyev a été retiré de la mission Crew-12 d'acheminement d'astronautes vers l'ISS opérée par SpaceX.

Officiellement transféré à un autre poste, il aurait en réalité enfreint les règles strictes de sécurité nationale américaine en photographiant des technologies sensibles lors de son entraînement.

Une éviction soudaine sur fond de sécurité nationale

La préparation d'une mission orbitale exige une rigueur absolue, tant sur le plan physique que procédural. C'est dans ce cadre strict que le cosmonaute russe Oleg Artemyev, vétéran respecté de l'agence Roscosmos, a vu sa participation à la prochaine rotation d'équipage annulée.

Credit : NASA

Prévue pour février, cette mission devait l'emmener vers l'ISS à bord d'une capsule Crew Dragon. Si la version officielle évoque un simple transfert de poste, des sources concordantes pointent vers une réalité bien différente : une violation des règlements ITAR (International Traffic in Arms Regulations).

Ces lois américaines encadrent sévèrement l'exportation et la diffusion de technologies liées à la défense et à l'espace. Selon les rapports d'investigation, Artemyev aurait été surpris en train de photographier de la documentation technique confidentielle.

L'incident se serait produit directement au siège de SpaceX à Hawthorne, en Californie. Face à la gravité potentielle de l'acte, qui touche à la protection du savoir-faire industriel américain, la décision de le remplacer par son collègue Andrei Fedyayev a été actée sans délai.

Des clichés compromettants au cœur de l'enquête

L'affaire a pris de l'ampleur suite aux révélations du média d'investigation The Insider et de chaînes Telegram spécialisées. Il apparaît que lors d'une session d'entraînement, le cosmonaute de 54 ans aurait utilisé son téléphone pour capturer des images détaillées des moteurs de fusée et d'autres composants internes sensibles.

Ce geste, peut-être anodin dans un autre contexte, constitue une ligne rouge absolue dans les installations aérospatiales américaines. Une enquête interministérielle a été immédiatement déclenchée pour évaluer l'étendue des données potentiellement compromises.

Il est difficile d'imaginer qu'un professionnel aussi expérimenté ait pu commettre une telle imprudence par inadvertance. Le retrait d'un membre d'équipage à peine deux mois et demi avant le lancement spatial est un indicateur fort de la sévérité de la situation.

Bien que la NASA et SpaceX n'aient pas encore commenté publiquement l'affaire pour éviter un incident diplomatique majeur, le remplacement rapide par Fedyayev confirme tacitement qu'une faute grave a été commise. L'accès aux technologies de pointe reste un sujet de tension constant entre les puissances spatiales.

Un profil expérimenté déjà au cœur de polémiques

Oleg Artemyev n'en est pas à son premier vol, ayant déjà passé plus de 560 jours en orbite au cours de sa carrière. Cependant, son parcours récent est entaché par le contexte géopolitique tendu.

En 2022, il s'était affiché à bord de la Station Spatiale Internationale avec des drapeaux de territoires séparatistes ukrainiens, provoquant une condamnation ferme de la part des partenaires occidentaux. Cette utilisation de l'espace comme tribune de propagande avait déjà fragilisé sa position auprès de la NASA et de l'ESA.

La mission Crew-12, qui doit décoller au plus tôt le 15 février prochain, poursuivra néanmoins son programme. Elle emportera vers l'orbite Andrei Fedyayev, l'astronaute française Sophie Adenot et deux autres membres d'équipage. Cet épisode rappelle que malgré la coopération technique nécessaire pour maintenir l'ISS opérationnelle, la méfiance reste de mise. La protection des secrets industriels prévaut sur la courtoisie diplomatique, et l'avenir des missions conjointes dépendra du strict respect de ces règles du jeu.