La startup Besxar s'associe à SpaceX pour une série de 12 missions audacieuses. L'objectif : tester la fabrication de semi-conducteurs dans le vide spatial en attachant des mini-usines, les "Fabships", directement sur les boosters réutilisables des fusées Falcon 9.

L'expérience doit tester la viabilité du procédé, son coût et la pureté des semi-conducteurs produits dans l'espace, avant d'envisager des déploiements plus conséquents.

Produire les semi-conducteurs les plus avancés est un défi industriel colossal. Cela exige des environnements d'une pureté absolue, des salles blanches qui coûtent des fortunes à construire et à maintenir.

Pour donner un ordre de grandeur, le géant TSMC prévoit d'investir 50 milliards de dollars dans une seule nouvelle usine. Une grande partie de ce coût est associée à l'effort pour recréer artificiellement un vide quasi parfait, indispensable à la gravure des puces.

Un partenariat audacieux : 12 vols pour un test grandeur nature

Face à ce constat, la startup américaine Besxar propose une approche radicalement différente : aller chercher le vide là où il se trouve naturellement. L'entreprise a signé un accord avec SpaceX pour une campagne de douze lancements expérimentaux qui pourraient débuter dès la fin de cette année. Le concept est aussi simple qu'ingénieux.

Besxar logo

Plutôt que de placer une charge utile en orbite, Besxar va fixer deux modules de production, baptisés Fabships, directement sur le premier étage des fusées Falcon 9.

Ces laboratoires, de la taille d'un four à micro-ondes, profiteront des quelques minutes de vol dans le vide à haute altitude avant de revenir sur Terre avec le booster, moins de dix minutes après le décollage.

Le vide spatial, l'atout maître de la pureté ?

La promesse de Besxar est de tirer parti du vide quasi parfait de l'espace, une condition que les industriels peinent à reproduire à grands frais sur Terre, même dans des installations de pointe.

Pour la startup, la microgravité est un avantage secondaire ; le véritable enjeu est d'atteindre un niveau de pureté inégalé pour la fabrication des wafers de silicium.

Wafer

En s'affranchissant des contraintes terrestres, l'entreprise espère non seulement améliorer la qualité des composants, mais aussi potentiellement bouleverser l'économie du secteur.

Cette démarche s'inscrit dans une volonté de renforcer la chaîne d'approvisionnement américaine et de rester compétitif face à la Chine, en présentant la fabrication dans l'espace comme une extension naturelle de l'industrie nationale.

Plus qu'une expérience, un défi cosmique

Ces douze premières missions ne visent pas encore à produire des puces commercialisables. Il s'agit avant tout d'une étude de faisabilité cruciale. 

L'objectif premier est de vérifier si les fragiles wafers de silicium peuvent supporter les vibrations du lancement et la violence de la rentrée atmosphérique sans se fissurer ni se déformer.

Soutenue par des investisseurs stratégiques, le programme Inception de NVIDIA et même un contrat avec le Département de la Défense, Besxar joue gros. Si ces tests s'avèrent concluants au cours de l'année à venir, ils ouvriront la voie à des systèmes de production orbitale de plus grande envergure.

Il faudra cependant patienter : les premières puces "Made in Space" ne sont pas attendues avant 2030, au plus tôt.