Le constructeur Dacia (groupe Renault) présente son concept Hipster, une mini-citadine 100 % électrique pensée pour l'essentiel. Avec ses dimensions de Kei car japonaise, ses quatre places et son prix visé sous les 15 000 €, elle ambitionne de créer un nouveau segment. Son avenir dépend cependant d'une évolution de la réglementation européenne, actuellement un obstacle majeur à son homologation.
Alors que le succès de Dacia ne se dément pas, porté par des modèles comme les Spring, Sandero, Duster et Bigster, la marque s'éloigne progressivement de son image purement "low-cost" pour offrir des véhicules toujours mieux équipés et valorisants.
C'est dans ce contexte que la présentation du concept Hipster agit comme un véritable contre-pied stratégique, une réaffirmation de l'ADN originel du constructeur : la voiture qui va à l'essentiel, sans fioritures.
Hipster : un cube à malice aux allures de baroudeur
Visuellement, le Dacia Hipster surprend par son allure. Sa forme cubique, simple et robuste, maximise l'espace intérieur malgré des dimensions ultra-compactes : à peine 3 mètres de long pour 1,55 m de large.
Loin du cliché culturel, son nom "Hipster" est ici à comprendre dans son sens premier, "en marge", soulignant son positionnement à part dans le paysage automobile.
Cette philosophie se retrouve à bord, qui peut accueillir jusqu'à quatre passagers, une différence majeure avec les voiturettes sans permis limitées à deux places mais qui nécessitera assez de puissance pour les transporter.
Le constructeur assume un habitacle ultra-dépouillé où le smartphone du conducteur devient la clé de contact et le centre multimédia. On retrouve le système d'accessoirisation malin Youclip, déjà vu sur d'autres modèles de la marque, pour personnaliser un intérieur fonctionnel.
Une fois la banquette arrière rabattue, le volume de coffre atteindrait un surprenant 500 litres, offrant une polyvalence inédite pour un si petit gabarit.
Une fiche technique modeste mais cohérente
Le Dacia Hipster n'a pas la prétention de battre des records. Sa fiche technique est calibrée pour un usage péri-urbain ou rural, avec une vitesse maximale bridée aux alentours de 90 km/h et une batterie modeste (estimée entre 15 et 20 kWh) offrant une autonomie limitée (100 à 150 km en première estimation), pensée pour des trajets quotidiens nécessitant une à deux recharges par semaine. Le but n'est pas de traverser le pays, mais de répondre aux besoins de mobilité essentiels du plus grand nombre.
L'objectif est clair : proposer un prix plancher, potentiellement sous la barre des 15 000 euros, pour combler le vide entre les quadricycles légers type Citroën Ami et les citadines électriques comme la Dacia Spring, dont les tarifs ont grimpé. C'est la promesse d'une mobilité électrique accessible, sans pour autant sacrifier la praticité de quatre vraies places.
Le mur de l'homologation européenne en ligne de mire
Malgré tout son potentiel, le projet Hipster fait face à un défi de taille, qui n'est pas technique mais administratif. En l'état, le concept Hipster se heurte à une véritable impasse réglementaire sur le Vieux Continent.
Avec sa batterie, son poids dépasse les 450 kg autorisés pour une homologation en tant que quadricycle lourd (catégorie L7e). Dans le même temps, son dépouillement extrême le rend incompatible avec la norme de sécurité GSR2, obligatoire pour les voitures neuves depuis juillet 2024, qui impose de coûteuses aides à la conduite.
L'avenir de ce véhicule dépend donc entièrement de la volonté politique. L'idée, portée de longue date par Luca de Meo, ancien patron du groupe Renault, est de convaincre la Commission européenne de créer un nouveau cadre légal pour ces "Kei cars" à l'européenne.
Sans un assouplissement réglementaire pour cette nouvelle catégorie de véhicules, le Dacia Hipster, aussi pertinent soit-il, risquerait de n'être qu'un simple exercice de style sans lendemain commercial.