L'espace terrestre proche devenant de plus en plus hostile avec la multiplication de satellites aux capacités offensives et défensives, des techniques de neutralisation sont testées sous différentes formes.

Les armes ASAT (armement anti-satellite), à savoir un missile lancé depuis le sol, sont une réponse de base mais qui comporte l'inconvénient des nuages de débris laissés par la destruction de la cible.

D'autres techniques misent sur des approches directes d'un satellite hostile pour le neutraliser directement ou le forcer à désorbiter en le précipitant vers l'atmosphère où il s'y consumera.

C''est l'approche choisie par l'entreprise française Dark avec sa technologie Interceptor. Elle comprend deux aspects principaux : d'abord le lancement depuis un avion porteur positionné à 10 000 mètres d'altitude, ce qui permet de ne pas être contraint par un pas de tir fixe (zone d'action, météo défavorable pour un lancement) et de pouvoir intervenir sur un plus large périmètre.

Approcher, agripper, désorbiter

Ensuite, un engin largué depuis l'avion porteur et capable de rejoindre l'espace appuyé par ses 30 moteurs et d'approcher une cible. Plutôt que de la détruire, ce second étage est équipé de bras robotisés pouvant agripper sa proie, la désorbiter et la faire retomber dans l'atmosphère, idéalement au-dessus du point Nemo dans le Pacifique, zone la plus éloignée de toutes terres émergées.

Dark capture objets spatiaux leo

L'entreprise Dark n'existe que depuis 2022 mais elle a déjà réussi ses premiers tours de table pour obtenir des financements et a gagné des soutiens militaires (Armée de l'Air et de l'Espace) et industriels en vue du développement de l'Interceptor d'ici 2030.

Autre élément intéressant, le système de Dark peut intervenir à différentes altitudes, jusqu'à 2000 kilomètres et forcer des satellites pesant jusqu'à 1 tonne à une désorbitation sans provoquer de débris.

La technologie Interceptor s'appuie sur le développement d'un moteur cryogénique Sheitan alimenté au méthane et à l'oxygène liquide. Les premières études de faisabilité étant positives, Dark compte tester les systèmes avioniques dès 2027 à l'aide d'un démonstrateur Hadès permettant de valider les phases ascentionnelles et de retour dans l'atmosphère.

Dark intervention satellite LEO

Une autre étape, dite Valkyrie,  testera les capacités des bras robotisés avant de tester le projet complet avec un Airbus A330 modifié qui jouera le rôle de l'avion porteur.

Le premier étage du lanceur Interceptor pourra également être récupéré via un système de parachutes avec l'ambition de pouvoir être réutilisé pour plusieurs missions, réduisant le coût opérationnel.

Une capacité précieuse mais qui demandera de gros investissements

Cette capacité à désorbiter des satellites en ferait un outil flexible pour éliminer des menaces mais elle pourrait tout aussi bien être utilisée à des fins civiles pour désorbiter de vieux satellites et contribuer à dépolluer l'espace désormais très encombré.

Cela ouvre donc de nombreuses perspectives avec l'avantage de passer par un avion porteur là où la concurrence fait généralement appel à des fusées tirées depuis le sol.

Mais pour arriver au bout du développement, il faudra sans doute disposer de 300 à 500 millions d'euros de financement. Or, les montants levés jusqu'à présent se comptent plutôt en millions d'euros, rappelle Le Figaro.

Source : Le Figaro