Coup de théâtre dans le secteur spatial : le programme DRACO, censé révolutionner la propulsion nucléaire pour les missions spatiales, vient d’être stoppé net par la DARPA.
Ce projet, qui devait permettre d’atteindre Mars plus vite et de repousser les limites de l’exploration, n’ira pas plus loin. Derrière cette décision, une réalité économique et stratégique qui bouscule les ambitions américaines. Alors, la propulsion nucléaire spatiale, rêve ou mirage ?
DRACO : un projet ambitieux stoppé net
Le projet DRACO (Demonstration Rocket for Agile Cislunar Operations) avait tout pour faire rêver. Imaginé pour doter les États-Unis d’une propulsion nucléaire thermique capable de transporter des charges lourdes rapidement dans l’espace, il promettait de réduire considérablement la durée des voyages interplanétaires.
Credit : DARPA
L’idée ? Utiliser un réacteur nucléaire pour chauffer un carburant et propulser une fusée à des vitesses jamais vues avec les moteurs chimiques classiques. Plusieurs entreprises, dont Lockheed Martin, étaient sur le pont pour transformer cette vision en réalité. Mais la DARPA a décidé de couper court, mettant fin à une aventure qui aurait pu marquer un tournant dans l’histoire de la conquête spatiale.
Des coûts de lancement en chute libre : le vrai coupable ?
Pourquoi la DARPA a-t-elle tiré la prise ? La réponse tient en partie à la baisse spectaculaire des coûts de lancement ces dernières années. Les lanceurs réutilisables, portés par SpaceX et d’autres acteurs, ont bouleversé la donne.
Il devient aujourd’hui possible d’envoyer du matériel en orbite pour une fraction du prix d’il y a dix ans. Résultat : l’intérêt pour une propulsion nucléaire, plus coûteuse et complexe à développer, s’est effrité.
Selon les analyses internes, la rentabilité du projet DRACO ne tenait plus face à ces nouvelles réalités économiques. La DARPA a donc préféré réallouer ses ressources à d’autres priorités jugées plus stratégiques.
Quelles conséquences pour l’avenir de la conquête spatiale ?
L’annulation de DRACO ne signe pas la fin de la propulsion nucléaire dans l’espace, d'autres projets étant à l'étude, mais elle envoie un signal fort. Les ambitions de missions habitées vers Mars ou d’opérations sur la Lune devront, pour l’instant, composer avec les moteurs chimiques et les nouveaux lanceurs économiques.
Plus généralement, les projets de la DARPA ont souvent vocation à ouvrir des pistes sur des technologies nouvelles et sur leur faisabilité technique et économique, sans toujours atteindre une phase de concrétisation immédiate.
Les partisans de la technologie nucléaire y verront un revers, mais certains experts rappellent que la flexibilité et la rapidité des innovations actuelles offrent d’autres leviers pour accélérer l’exploration. Reste à savoir si la NASA ou d’autres agences reprendront le flambeau, ou si la propulsion nucléaire restera pour longtemps dans les cartons.