Le paysage de l'intelligence artificielle est secoué par une onde de choc. Des allégations explosives visent DeepSeek, une startup chinoise dont les modèles d'IA sont massivement adoptés, y compris aux États-Unis et en Europe. Selon un haut responsable du Département d'État américain, l'entreprise fournirait un soutien actif aux opérations militaires et de renseignement chinoises, tout en employant des méthodes sophistiquées pour obtenir des technologies de semi-conducteurs pourtant soumises à des restrictions. Ces révélations, d'abord rapportées par Reuters, jettent une ombre sérieuse sur la sécurité des données de millions d'utilisateurs.

DeepSeek, bras armé de l'APL et du renseignement chinois ?

Les accusations sont lourdes. DeepSeek aurait "volontairement fourni et continuerait de fournir un soutien aux opérations militaires et de renseignement chinoises", selon le responsable américain cité. Un soutien qui dépasserait le simple accès aux modèles d'IA open source de DeepSeek. Les liens de l'entreprise avec l'appareil de défense chinois seraient profonds : son nom apparaîtrait plus de 150 fois dans les registres d'approvisionnement de l'APL (Armée Populaire de Libération) et d'entités affiliées à l'industrie de la défense chinoise. DeepSeek aurait fourni des services technologiques directs à des institutions de recherche de l'APL. Des applications militaires de ses modèles d'IA ont déjà été documentées : l'APL les aurait utilisées pour des tâches non-combattantes (hôpitaux, gestion du personnel) et une équipe de recherche chinoise aurait généré 10 000 scénarios militaires en 48 secondes, une tâche qui prendrait traditionnellement 48 heures à des commandants humains. Des sous-traitants chinois de la défense ont même intégré DeepSeek dans des véhicules militaires autonomes, comme le Chongqing Landship lors d'une récente exposition internationale.

Logo DeepSeek

Comment DeepSeek contourne-t-elle les contrôles d'exportation américains ?

C'est un véritable jeu du chat et de la souris technologique. DeepSeek est accusée d'avoir mis en place des stratagèmes élaborés pour échapper aux strictes restrictions d'exportation américaines sur les puces semi-conducteurs haut de gamme, notamment les puissantes puces Nvidia H100, soumises à contrôle depuis 2022. Les responsables américains affirment que l'entreprise aurait utilisé des sociétés écrans basées en Asie du Sud-Est pour acquérir ces processeurs. De plus, DeepSeek chercherait à accéder à des centres de données dans cette même région afin d'utiliser à distance des puces américaines, sans les importer directement en Chine. Ces allégations mettent en lumière des "failles fondamentales" dans les politiques actuelles de contrôles d'exportation. Selon Sanchit Vir Gogia de Greyhound Research, les contrôles axés sur le matériel sont obsolètes dans un monde où l'IA est basée sur le cloud, car les entités peuvent louer des GPU avancés via des plateformes cloud tierces ou opérer sous de fausses identités dans des juridictions permissives. Il préconise une évolution vers un modèle basé sur le comportement et l'intention.

intelligence artificielle

Sécurité des données et risques pour les entreprises : qui est menacé ?

Les implications de l'affaire DeepSeek vont bien au-delà de la géopolitique et des semi-conducteurs. Des accusations graves pèsent sur l'entreprise concernant la sécurité et la confidentialité des données des utilisateurs. Le responsable américain cité affirme que DeepSeek partagerait des informations et des statistiques sur les utilisateurs avec l'appareil de surveillance de Pékin. Le Stanford Cyber Policy Center a déjà documenté la collecte exhaustive d'informations par DeepSeek : données personnelles, toutes les entrées textuelles et audio, fichiers téléchargés, historiques de discussion complets et même les schémas de frappe au clavier. Des législateurs américains avaient précédemment noté que DeepSeek transmettait les données des utilisateurs américains vers la Chine via une "infrastructure backend" liée à China Mobile, un géant des télécommunications détenu par l'État chinois. Malgré ces allégations explosives, des géants du cloud comme Amazon, Microsoft, Google, Huawei et Alibaba Cloud continuent d'offrir l'accès aux modèles DeepSeek sur leurs infrastructures, bien qu'ils affirment qu'aucune information n'est envoyée à DeepSeek ou en Chine. Cependant, l'utilisation de ces modèles, dont la provenance, les obligations juridictionnelles et la lignée sont ambiguës, crée un "risque significatif" pour les entreprises américaines, les forçant à ingérer des modèles "boîte noire" dont la formation et l'hébergement peuvent être non conformes à leurs obligations.

MediaTek Dimensity intelligence artificielle IA generative

Implications stratégiques et avenir des contrôles d'exportation d'IA 

Les accusations contre DeepSeek surviennent dans un contexte de compétition intense entre les États-Unis et la Chine dans le domaine de l'IA. Cette affaire marque une étape importante, car c'est la première fois qu'un laboratoire chinois d'IA démontre des percées à la frontière absolue de la recherche fondamentale en IA. Le lancement du modèle R1 de DeepSeek en janvier avait même brièvement fait perdre plus de 600 milliards de dollars de valeur boursière à Nvidia, les investisseurs s'interrogeant sur les coûts de formation et les avantages concurrentiels. Certains experts doutent des avancées revendiquées par DeepSeek, suggérant que les coûts réels de formation étaient bien plus élevés et que l'entreprise aurait eu accès à du matériel plus avancé que ce qui est publiquement divulgué. La prolifération rapide de sociétés écrans chinoises, plus vite que le Département du Commerce ne peut les suivre, et la facilité à dissimuler des puces semi-conductrices par millions, complexifient les contrôles d'exportation. Ces allégations pourraient ouvrir la voie à des mesures plus restrictives contre les firmes chinoises d'IA opérant sur les marchés mondiaux, et forcer une refonte des politiques pour une surveillance basée sur le comportement.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qui est DeepSeek ?

DeepSeek est une startup chinoise spécialisée dans l'intelligence artificielle, qui a développé des modèles d'IA largement adoptés, y compris par des utilisateurs et des plateformes cloud aux États-Unis.

De quoi DeepSeek est-elle accusée ?

Elle est accusée par des responsables américains de soutenir les opérations militaires et de renseignement chinoises, et de contourner les contrôles d'exportation américains pour accéder à des puces semi-conductrices avancées via des sociétés écrans et des centres de données situés en Asie du Sud-Est.

Quels sont les risques pour les utilisateurs et les entreprises américaines ?

Pour les utilisateurs, le risque concerne la sécurité et la confidentialité des données personnelles collectées et potentiellement partagées avec les autorités chinoises. Pour les entreprises, l'utilisation des modèles DeepSeek via des plateformes cloud peut exposer à des risques de conformité et d'ingestion de modèles "boîte noire" dont la provenance et la sécurité sont ambiguës.