Le grand chantier du déploiement de la fibre optique sur l'ensemble du territoire national est presque achevé avec 86% de couverture de la population mais arriver à son terme s'annonce décidément très compliqué.

Cette dernière tranche représente les cas plus difficiles ou complexes à gérer, imposant des coûts plus élevés que les opérateurs rechignent à assumer. L'Arcep, régulateur des télécommunications, a déjà mis en demeure Orange et XpFibre (SFR) pour accélérer le raccordement de 600 000 foyers, conformément à leurs obligations de couverture.

L'urgence vient aussi de la fermeture en parallèle du réseau cuivre d'ici 2030 pour lequel il faudra pouvoir faire migrer les derniers abonnements ADSL vers la fibre ou une solution alternative (cellulaire fixe en box 4G / 5G, satellite...) d'ici là.

Comment bien finir le chantier de la fibre ?

Pour finaliser le chantier de la fibre optique, l'investissement serait de l'ordre de 1,3 milliard d'euros dont il reste à trouver qui paiera si l'on veut arriver à terminer le déploiement comme prévu en 2025, une échéance qui semble déjà bien compliquée à tenir, rapporte le journal Le Figaro.

Et ce d'autant plus que la séquence de la dissolution de l'Assemblée Nationale suivie des élections législatives anticipées qui donneront forme à un nouveau gouvernement, avec de nouvelles têtes pour prendre en charge les dossiers du numérique,  laisse peu de visibilité à court terme sur la gestion de cette problématique.

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Les opérateurs augmentent les tarifs des opérations de génie civil mais les collectivités n'ont pas forcément les finances pour répondre à ces hausses massives et rapides et à des modélisations financières bancales qui vont être rattrapées par la réalité.

L'Arcep devra alors peut-être réaliser des arbitrages et des ajustements pour faire tenir le modèle économique tandis qu'InfraNum, la fédération des professionnels du secteur, demande la mise en place d'un fonds de péréquation qui pourrait lisser les différences de financement entre les territoires en l'abondant avec la taxe Ifer payée par les opérateurs.

Qui va payer pour l'entretien des réseaux ?

A cette question de comment bien finir le déploiement national de la fibre optique s'en ajoute une autre, de plus en plus lancinante : comment assurer son entretien dans le temps et là encore, qui va payer ?

Hausse des événements climatiques destructeurs, sabotage des lignes, accidents de chantier, incidents divers dont les remontées sont nombreuses et engorgent les plates-formes de signalement, il faudra pouvoir remettre rapidement les réseaux en état, ces derniers supportant toujours plus de services numériques essentiels au quotidien.

Les estimations initiales de 20212 ne tiennent plus et les nouvelles prévisions portent sur une moyenne de 10 milliards d'euros pour assurer le bon fonctionnement dans le temps des réseaux.

Dans quelles poches les prendra-t-on ? La question reste posée et les opérateurs réclament ardemment une réaction des pouvoirs publics pour alléger leur cadre réglementaire et leurs contraintes fiscales. Dans la phase de changement de gouvernement qui s'annonce, la réponse pourrait tarder.

Source : Le Figaro