L'étau se resserre autour de DJI aux États-Unis. La FCC vient de voter une mesure lui permettant d'interdire des produits déjà commercialisés et jugés à risque pour la sécurité nationale.

Le leader chinois des drones, déjà menacé par une date limite en fin d'année, voit sa présence sur le marché américain plus compromise que jamais.

Une nouvelle arme réglementaire pour la FCC

La Federal Communications Commission (FCC) a franchi une nouvelle étape significative. Par un vote unanime (3-0), l'agence s'est octroyé le pouvoir de modifier sa "Covered List" (liste des équipements interdits) de manière rétroactive.

Concrètement, cela signifie que des appareils utilisant des radiofréquences, même ceux ayant été approuvés et vendus par le passé, peuvent désormais être interdits à l'importation et à la vente aux États-Unis s'ils sont jugés comme présentant un "risque inacceptable pour la sécurité nationale".

Cette décision vise à combler les failles réglementaires et s'inscrit dans la lignée des mesures prises contre d'autres entreprises chinoises problématiques, comme Huawei.

Bien que le nom de DJI n'apparaisse pas encore explicitement sur cette "Covered List", cette nouvelle règle prépare le terrain. Le véritable couperet pour DJI est lié à une autre loi : le National Defense Authorization Act (NDAA).

Cette loi impose à l'entreprise chinoise de passer un audit de sécurité complet auprès d'une agence nationale américaine avant une date limite fixée à fin 2025 (la date précise du 23 décembre 2025 est citée).

Si cet audit n'a pas lieu ou n'est pas concluant d'ici là, DJI sera automatiquement ajoutée à la liste, déclenchant une interdiction par défaut.

Face à cette situation, DJI a réagi. Adam Welsh, responsable de la politique mondiale de l'entreprise, a souligné que DJI était prêt et demandait cet audit depuis plus de dix mois, sans qu'aucun signe ne montre que le processus ait commencé.

L'entreprise dénonce un manque de procédure régulière et de transparence, affirmant que le gouvernement américain a le droit de renforcer sa sécurité, mais que cela doit se faire équitablement. DJI craint une interdiction "sans aucune preuve d'acte répréhensible ni droit d'appel".

Quelles conséquences pour les utilisateurs ?

La question brûlante pour des millions d'utilisateurs reste : devront-ils abandonner leurs drones ? Pour l'instant, la réponse est non. La FCC et les différentes législations visent principalement les nouvelles ventes et importations. Un drone DJI déjà acheté resterait légal à utiliser pour un particulier.

Cependant, une interdiction aurait des conséquences indirectes. Si DJI est banni, l'entreprise pourrait ne plus être en mesure de proposer des mises à jour de ses applications via les magasins d'applications américains ou d'assurer le support technique et la fourniture de pièces de rechange.

De plus, bien que la FCC ait indiqué ne pas vouloir "arracher" les drones des mains des consommateurs, son nouveau pouvoir rétroactif pourrait signifier que les anciens modèles encore en stock chez les revendeurs seraient retirés des étagères.

Un marché déjà sous tension

L'incertitude réglementaire affecte déjà la disponibilité des produits DJI. Des modèles récents, comme le Mavic 4 Pro ou le Mini 5 Pro, ont été difficiles à trouver ou vendus à des prix gonflés aux États-Unis.

DJI domine outrageusement le marché américain et une interdiction créerait un vide immense que les concurrents, jugés moins performants et plus chers par de nombreux secteurs (y compris la sécurité publique et l'agriculture),auraient du mal à combler.

Les inquiétudes américaines proviennent des lois chinoises, notamment la loi sur le renseignement national de 2017, qui obligent les entreprises à coopérer avec les services de renseignement.

Bien qu'aucune preuve irréfutable d'espionnage via les drones DJI n'ait été publiquement démontrée, le risque potentiel que les données collectées (images, localisation) soient transmises à Pékin est jugé trop élevé par Washington.

L'échéance approche

Avec la date limite du NDAA qui approche et le nouveau pouvoir de la FCC, le scénario le plus probable semble être un blocage des nouvelles certifications et l'ajout de DJI à la "Covered List".

Cela mettrait fin aux ventes de modèles actuels et futurs. L'entreprise, qui a dépensé des millions en lobbying, espère peut-être qu'une réaction massive des consommateurs et des industriels pèsera en sa faveur, mais le climat politique à Washington reste très hostile à l'égard des technologies chinoises.