Fidèle à son climatoscepticisme et à ses efforts pour annihiler les décisions du gouvernement précédent, le président Donald Trump annonce la suppression des standards CAFE renforcés par son prédécesseur Joe Biden, visant à réduire la consommation de carburant et les émissions.
Cette décision, saluée par les constructeurs comme Ford et Stellantis, promet des véhicules moins chers mais suscite de vives inquiétudes environnementales sur fond de retour en grâce des moteurs thermiques puissants.
Un soulagement pour les géants de Detroit
Les grands constructeurs américains, Ford, General Motors et Stellantis en tête, ont accueilli la nouvelle avec un enthousiasme non dissimulé. Confrontés à des amendes potentielles se chiffrant en milliards de dollars, ils voyaient les objectifs de l'ère Biden comme un « défi extrême » en raison de la stricte norme CAFE.
L'administration précédente visait une moyenne de 50 miles par gallon d'ici 2031 (environ 4,7 litres aux 100 km), une cible jugée inatteignable sans une transition massive et forcée vers le véhicule électrique.
Antonio Filosa, le patron de Stellantis, a salué une mesure qui « réaligne les standards (...) aux vraies conditions du marché mondial », tandis que Jim Farley, PDG de Ford, y voit une « victoire pour les clients et le bon sens ».
Cette décision lève une pression immense sur la production de leurs modèles les plus rentables, notamment les pick-ups et les SUV, très populaires dans l'Amérique profonde mais aussi très gourmands en carburant.
Stellantis avait même récemment annoncé le retour de moteurs V8 sur son pick-up Ram, un signe avant-coureur de ce changement de cap.
Quel impact pour le consommateur et l'environnement ?
L'argument principal de la Maison Blanche est économique. Le nouveau dispositif, baptisé Freedom Means Affordable Cars, permettrait d'éviter une hausse de 1 000 dollars sur le prix d'achat d'un véhicule neuf en relâchant la pression sur la consommation de carburant.
L'administration Trump chiffre l'économie totale pour les consommateurs à 109 milliards de dollars sur cinq ans, un argument de poids pour de nombreuses familles américaines.
Cependant, cette médaille a un revers. Les défenseurs de l'environnement, comme Dan Becker du Centre pour la diversité biologique, dénoncent une décision qui va à l'encontre de la lutte contre le changement climatique.
Selon eux, si le coût à l'achat baisse, la facture à la pompe, elle, devrait augmenter. Les nouvelles règles ramènent l'objectif d'efficacité à 34,5 miles par gallon, anéantissant des années de progrès en matière de réduction des émissions des véhicules.
Un marché automobile en pleine redéfinition
Cette décision prise par Donald Trump s'inscrit dans un contexte où l'engouement pour les véhicules électriques montre des signes de ralentissement aux États-Unis.
Bien que les ventes progressent, leur part de marché reste modeste (environ 8,3 %) et bien inférieure à celle de l'Europe. Les constructeurs ont d'ailleurs revu à la baisse plusieurs de leurs projets électriques face à une demande moins forte qu'anticipé.
L'administration va même jusqu'à suggérer que cet assouplissement réglementaire pourrait signer le grand retour du break, le fameux « station wagon ». En effet, les breaks étant classés comme des voitures, ils sont soumis à des normes plus strictes que les SUV, classés comme des camions légers.
Lâcher du lest sur la réglementation pourrait donc relancer la production de ces véhicules familiaux, un symbole d'une Amérique révolue. L'avenir dira si ce pari sur le moteur thermique n'est qu'une disposition à courte vue ou une réorientation durable du marché.