C'est un petit jeu qu'il mène depuis l'ouverture de son second mandat : menacer, mettre en place des mesures très contraignantes puis les retirer quelques heures ou jours plus tard pour obtenir des concessions des parties adverses.

Donald Trump n'a pas fait différemment avec la mise en place de hausse de tarifs douaniers touchant tous les pays commerçant avec les Etats-Unis avant de mettre en pause la mesure pour trois mois quelques jours plus tard.

La mise en place des tarifs douaniers a pesé très lourd sur les places boursières et fait plonger durement les grands groupes dont les Sept Magnifiques, les pépites américaines comme Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla...avant de se reprendre presque aussi fortement à l'annonce de la suspension des mesures.

Après l'effondrement, la reprise mais...

Après avoir chuté fortement en début de semaine, Apple a regagné plus de 15% en Bourse en une journée tandis que Nvidia est remonté de près de 19%, d'autant plus que les dîners entre Jensen Huang, son dirigeant, et Donald Trump, ont permis d'élaguer certains obstacles sur ses activités en Chine.

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Cela ne suffit toutefois pas à leur faire retrouver leur capitalisation d'avant le lancement de cette guerre commerciale contre le monde entier. Dans cette débâcle, Tesla, propriété d'Elon Musk, conseiller de Trump de plus en plus critique sur sa politique économique, reste affectée malgré une belle progression de son cours de 22% depuis la pause sur les tarifs douaniers.

D'une part, la suspension des hausses de taxes douanières est temporaire, histoire de conserver une menace pour pousser à des négociations au cas par cas. D'autre part, la confiance est rompue, les investisseurs ne sachant plus où être en sécurité ni comment orienter leurs placements.

Une incertitude qui fragilise la confiance

Si ce qui apparaît à certains observateurs comme un certain amateurisme cache peut-être un agenda caché et une doctrine économique mise en application, le chaos provoqué rappelle durement que les règles du jeu avec les Etats-Unis peuvent être changées à tout instant.

C'est tout à fait à l'opposé de ce que cherchent les entreprises qui ont besoin d'avoir des garanties sur l'avenir avant de lancer des investissements de long terme pour leur croissance.

Avec des orientations s'inversant tous les jours, impossible de savoir si les investissements réalisés aujourd'hui ne seront pas rendus caduques demain par une simple décision gouvernementale sans préavis.

Et puis il y a la fameuse question du délit d'initiés. En affirmant sur son réseau Truth Social peu après la hausse des tarifs douaniers que "c'était le moment d'acheter" des actions des entreprises malmenées, Donald Trump a-t-il lancé une nouvelle fanfaronnade ou bien était-ce le signal pour permettre un enrichissement facile de ses proches et affidés, sachant qu'il allait mettre en pause les tarifs douaniers quelques heures plus tard ?

Comme indiqué en préambule, la mise en place de mesures fortes retirées très rapidement pour créer un choc et obtenir un avantage dans les négociations ne date pas d'hier. On pouvait donc s'attendre à une manoeuvre similaire et il sera facile de jouer de cet argument si des procès devait être lancés.

L'Europe prise dans l'engrenage

Enfin, les tarifs douaniers sont mis en pause partout...sauf contre la Chine où ils sont mêmes accrus. Si cela marque une nouvelle escalade entre les Etats-Unis et la Chine, cela pourrait aussi être une manoeuvre pour fragiliser l'Europe qui était prête à en découdre par des hausses de tarifs douaniers réciproques.

europe

Dès à présent, le risque de voir déferler en Europe les produits chinois non distribués aux USA au risque de fragiliser des secteurs industriels entiers comme c'est déjà le cas dans certains domaines comme l'automobile.

Dans ce jeu à trois bandes, l'Europe pourrait se retrouver prise au piège et en position de faiblesse pour négocier tandis que Donald Trump apparaîtrait une nouvelle fois comme celui qui débloque la situation...