Le Danemark a été récemment le théâtre d’une série de perturbations majeures dans ses principaux aéroports. Plusieurs drones non identifiés ont survolé des sites hautement sensibles, tandis que des navires soupçonnés d’appartenir à la flotte fantôme russe étaient repérés au large des côtes.
La sécurité danoise est sur le qui-vive et l’Alliance atlantique surveille de près l’évolution de la situation face à des actions potentiellement menées dans le cadre d'une guerre hybride avec la Russie, après les mystérieuses dégradations de câbles sous-marins en Mer Baltique.
Des aéroports danois pris pour cible par des drones furtifs
Tout a commencé par des survols inexpliqués de drones, provoquant la fermeture temporaire de plusieurs aéroports stratégiques au Danemark, dont Aalborg, aussi bien civil que militaire.
D’autres installations sensibles, telles que l’aéroport de Copenhague et la base aérienne de Skrydstrup, ont également été concernées par ces incursions, selon la police danoise.
Comme l’explique le ministre de la Justice Peter Hummelgaard : « Le but de cette attaque hybride est de créer la peur, semer la discorde et nous rendre vulnérables. »
Les drones ont survolé simultanément plusieurs sites à grande distance, prouvant le professionnalisme de l'opérateur. Les autorités danoises soulignent pour leur part que ces actes s’inscrivent dans une vague de menaces hybrides préoccupantes.
Pour la première fois, la question d’un possible lien avec la Russie est ouvertement posée, même si aucune preuve directe n’a été révélée à ce stade, tout comme dans le cas des câbles sous-marins abîmés.
La « Shadow Fleet » russe : une flotte fantôme au cœur des soupçons
Dans le sillage de ces incursions, c’est la présence de trois navires suspects au large des côtes danoises qui attire l’attention. Parmi eux, le pétrolier « Pushpa », le « Oslo Carrier 3 » et l’« Astrol 1 », trois bâtiments cités par les enquêteurs comme appartenant ou liés au réseau de la « Shadow Fleet » russe, une flotte créée pour contourner les sanctions internationales sur le pétrole russe.
Selon l’enquête, au moins l’un de ces navires aurait pu servir de plateforme de lancement pour les drones, renforçant la thèse d’une opération complexe et planifiée. Certains ont éteint leurs signaux de géolocalisation pour échapper aux radars, une tactique bien connue dans l’arsenal des « ghost ships ».
Cette flotte fantôme incarne un danger croissant pour la sécurité maritime et nationale en Europe. Toujours selon les services danois : « Le risque de sabotage orchestré depuis les navires est jugé élevé. »
Les autorités danoises et l’OTAN face à la menace hybride
Face à la répétition et à la nature coordonnée de ces incursions, le Danemark a activé l’Article 4 de l’OTAN, un mécanisme rarement employé et réservé aux situations où la sécurité ou l’intégrité territoriale d’un membre est jugée menacée. Le Premier ministre danois, Mette Frederiksen, confirme : « Il s’agit d’une attaque sérieuse contre des infrastructures critiques. »
Les responsables militaires et l’agence danoise de renseignement insistent sur l’incertitude qui entoure l’opération : les drones pourraient être téléguidés depuis la mer, ajoutant un niveau de sophistication inédit.
Côté russe, le Kremlin nie toute implication, dénonçant de « pures spéculations ». Pour autant, la liste des actes récents attribués à la Russie (sabotages, intrusions aériennes, cyberattaques) inquiète toute l’Europe.
Cyberattaques, sabotage et escalade régionale : le contexte tendu en Europe
Au-delà du Danemark, c’est tout le continent qui subit une série d’agressions hybrides. Les dernières semaines ont été marquées par des violations de l’espace aérien de la Pologne, de la Roumanie et de l’Estonie par des avions ou drones russes identifiés ou attribués à la Russie.
Une cyberattaque massive contre les systèmes aéroportuaires d’Heathrow, Bruxelles et Berlin, a également perturbé le transport aérien, forçant un retour temporaire au papier dans les procédures d’enregistrement.
La multiplication de ces incidents inquiète, tant leur fréquence que leur audace témoignent d’une volonté de montrer les faiblesses du dispositif européen.Selon des experts en sécurité, tout cela renforce la nécessité pour l’UE et l’OTAN de renforcer leurs moyens de détection et de réaction contre ce type d’agressions hybrides. Le Danemark a déjà annoncé le renforcement de ses dispositifs anti-drones et le vote prochain d’une loi permettant d’abattre les drones suspects.