Un nouvel incident sur un câble sous-marin la semaine dernière remet le sujet sur le tapis : cette infrastructure essentielle est décidément trop fragile pour risquer d'en faire une victime de la guerre hybride que mènerait la Russie.

Depuis plusieurs mois, les ruptures de câbles de communication et électriques se multiplient, faisant craindre quelque chose de plus gros que la seule maladresse d'équipages inexpérimentés de navires.

La Russie mènerait-elle des opérations de sabotage et d'intimidation en réponse aux sanctions économiques décidés par l'Union européenne depuis le début du conflit en Ukraine ?

Ne pas être pris au dépourvu le moment venu

Cette hypothèse n'est toujours pas clairement démontrée mais les nombreux incidents recensés en quelques mois interpellent...et conduisent l'Europe à prendre des mesures.

Un plan de renforcement de la sécurité des câbles sous-marins a été décidé la semaine dernière alors que les divers épisodes de ces derniers mois avaient déjà conduit l'OTAN à annoncer une surveillance accrue afin d'identifier et d'intercepter plus rapidement les navires suspects.

Cable internet sous-marin

Rappelant l'importance de cette infrastructure par où transite 99% du trafic internet intercontinental et qui permet de relier des îles au reste du monde, l'Union européenne relève que la région de la Mer Baltique a vu une importante augmentation des signalements en peu de temps.

L'UE annonce un plan en quatre volets :

  • Prévention : renforcer l'infrastructure par l'utilisation de câbles intelligents et l'augmentation des redondances pour réorganiser le trafic en cas d'interruption
  • Détection : repérer et identifier rapidement les menaces par zones maritimes
  • Réponse et remise en service : améliorer les capacités de réparation des câbles endommagés pour restaurer rapidement les capacités
  • Dissuasion : instaurer des sanctions et des mesures diplomatiques contre les acteurs hostiles responsables des actions

Le projet représente un investissement de près d'un milliard d'euros, entre le renforcement de la sécurité des infrastructures et le déploiement d'une flotte de navires-câbliers.

Pas de menace directe actuellement...mais demain ?

La surveillance pourra venir de la surface avec des patrouilles de navires, des profondeurs grâce à des drones et de l'espace via les satellites, dont ceux du réseau européen Copernicus.

Si l'essentiel des ruptures de câbles reste attribué à des accidents (mouillage, pêche), il n'est pas exclu que des actions hostiles soient menées par l'intermédiaire de la flotte fantôme russe, constituée de vieux navires transportant illégalement du pétrole en violation des sanctions européennes.

cable sous marin C Lion1 Allemagne Finlande Dirk1981 Wikipedia

 C-Lion1, l'un des câbles sous-marins endommagés ces derniers mois

Cette thèse n'a pas été encore clairement démontrée dans les incidents de ces derniers mois mais la perspective grandissante d'un conflit entre Russie et Europe ces prochaines années est vraisemblablement aussi l'une des motivations du plan européen de sécurisation des câbles sous-marins.

Source : Portail Europa