Entre le programme de maintenance bousculé par les confinements de la pandémie et le problème de corrosion des tuyaux des installations de sécurité des centrales nucléaires, la production d'électricité a flanché en 2022 chez EDF.
Ces complications ont même été au coeur des craintes concernant une production d'électricité nucléaire insuffisante pour alimenter l'hiver, la moitié des réacteurs nucléaires s'étant trouvés à l'arrêt à l'amorce de la saison hivernale.
La météo plus que clémente a permis d'éviter des coupures d'électricité pour préserver le réseau de distribution et la remise en route progressive d'une partie du parc permet désormais de ne plus craindre d'affaiblissement du réseau sur la fin de l'hiver.
Nouvelles fissures, encore plus profondes
Mais les soucis ne semble pas être terminés et pourraient de nouveau compliquer la situation ces prochains trimestres. Une note d'EDF diffusée fin février mais mise en lumière ce 7 mars fait état de la découverte de nouvelles fissures sur les installations de sécurité d'un réacteur à Penly (Seine-Maritime), d'une puissance de 1300 MW.
La nouveauté est qu'il ne s'agit plus de micro-fissures de quelques millimètres mais d'une fissure profonde de 155 mm entaillant un quart de la circonférence du tuyau et avec une profondeur allant jusqu'à 23 mm...sur 27 mm d'épaisseur de section de la tuyauterie.
La sortie de crise du problème de corrosion sous contrainte évoquée par EDF fin 2022 pourrait donc être remise en cause avec cette découverte inquiétante.
Alerte de niveau 2
Dès à présent, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) demande à EDF de réviser sa stratégie de correction du problème des fissures sur les installations de sécurité des réacteurs pour prendre en compte cette nouvelle donne.
Le niveau 2 d'alerte de l'échelle INES, correspondant à un incident, a été déclenché du fait du risque de rupture du tuyau qui fait de l'installation participant au refroidissement du réacteur.
Le réacteur numéro 1 de Penly affecté est à l'arrêt et aucune fuite n'a été détectée. La fissure pourrait provenir d'opérations de modifications opérées sur la tuyauterie lors de sa construction à la fin des années 1980.
La question est maintenant de savoir si cet incident est isolé ou bien va avoir un nouvel impact sur la disponibilité des réacteurs en obligeant le déclenchement d'une campagne de vérification supplémentaire, avec des conséquences sur la production d'électricité.
Sur début mars, la production d'électricité d'origine nucléaire est retombée sous les 40 GW avec 19 réacteurs à l'arrêt sur 56. Un autre problème se profile à l'horizon : la sécheresse hivernale risque de conduire à une production hydroélectrique faible qui ne permettra pas cette fois de compenser la baisse de production nucléaire en cas de mise à l'arrêt forcée des réacteurs.