Avec la mise en place du programme de réparation des problèmes de corrosion sous contrainte pour réparer les microfissures sur un certain nombre de réacteurs du parc nucléaire français repérées depuis fin 2021, EDF pensait sans doute avoir passé le plus dur au terme d'une année 2022 très compliquée, entre faiblesse de la production d'électricité et pertes financières importantes.
Les tensions sur la disponibilité des réacteurs au début de l'hiver, qui ont fait envisager la possibilité de coupures d'électricité pour soulager le réseau de distribution en cas de pic de consommation , se sont finalement résorbées à la faveur d'une météo clémente et des efforts de sobriété énergétique.
Mais voilà qu'une importante fissure a été découverte fin février sur le réacteur Penly 1 (Seine-Maritime), impressionnante par sa profondeur et la classant comme événement de niveau 2 (sur 8) sur l'échelle INES.
L'ASN réclame des précisions
L'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a aussitôt réagi en appelant EDF à revoir sa stratégie de contrôle et de réparation des centrales. Depuis, de nouvelles fissures ont été détectées sur les réacteurs Penly 2 et Cattenom 3, alimentant les inquiétudes sur la disponibilité du parc nucléaire sur l'année 2023.
Cette fois, il ne s'agit pas de corrosion sous contrainte mais de fatigue thermique, toujours au niveau des groupes de refroidissement des réacteurs. Aucune fuite ne s'est produite mais le risque d'une rupture de la tuyauterie persiste et impose de prendre des mesures de sécurité.
Les fissures sont plus larges que les microfissures liées à la corrosion sous contrainte mais pas autant que celle de Penly 1 qui traverse presque toute l'épaisseur du tuyau.
Quelles conséquences pour EDF ?
Même si la fissure de Penly 1 est sans doute liée à un événement particulier de réalignement des tuyauteries lors de modifications dans sa fabrication, EDF va sans doute devoir prolonger les phases d'arrêt de plusieurs réacteurs et peut-être relancer une campagne d'inspection.
En attendant d'en savoir plus, EDF conserve sa prévision de production d'électricité annuelle comprise entre 300 et 300 TWh, un peu supérieure à celle de 2022 (279 TWh) qui fut historiquement basse, imposant d'importer de l'électricité depuis les pays européens voisins.
Une baisse de cette fourchette serait une très mauvaise nouvelle pour l'entreprise, déjà impactée par le coût des réparations liées à la corrosion sous contrainte, et dans un contexte de crise énergétique. La sécheresse qui s'annonce risque en outre de ne pas permettre à la production hydroélectrique de compenser la faiblesse de la production nucléaire.