Le 31 décembre 2025 marquera la fin de l'Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), ce mécanisme qui obligeait EDF à vendre une partie de sa production à prix cassé.
Une échéance redoutée par des millions de Français, synonyme d'une potentielle flambée des prix. Pourtant, ce lundi, Bercy a pris tout le monde à contre-pied en annonçant une stabilité des factures pour 2026 et 2027 pour la majorité des abonnés au tarif réglementé.
Comment expliquer cette stabilité annoncée ?
La clé de cette anticipation optimiste réside dans les conditions actuelles du marché. Le gouvernement s'appuie en effet sur les prix bas de l'énergie décarbonée française sur les marchés de gros pour justifier sa position. Pour les 19,75 millions d'abonnés au tarif réglementé, soit 56% des clients résidentiels, le passage au nouveau système n'aura donc, a priori, pas d'impact sur la facture d'électricité.
Il faut comprendre que l'ARENH obligeait l'opérateur historique à céder près d'un quart de sa production nucléaire à un tarif fixe et très avantageux de 42 euros du MWh, notamment à ses fournisseurs alternatifs. Or, les prix actuels sur les marchés de gros pour l'électricité française oscillent autour de 50-55 euros du MWh. L'écart n'est donc plus aussi abyssal qu'il a pu l'être par le passé, limitant mécaniquement le choc de la transition.
Quel est ce nouveau mécanisme qui remplace l'ARENH ?
Le successeur de l'ARENH se nomme le Versement Nucléaire Universel (VNU). Décrit par Bercy comme un "garde-fou tarifaire", ce dispositif est un compromis entre la protection nécessaire des consommateurs et les besoins d'investissement massifs d'EDF, notamment dans le programme nucléaire. Sur le papier, il laisse l'énergéticien vendre plus librement sa production aux prix du marché.
Cependant, le VNU instaure des seuils progressifs fixés à 78 euros puis 110 euros le MWh. Si les revenus d'EDF dépassent ces plafonds, ils seront taxés et les sommes prélevées seront redistribuées à tous les consommateurs, particuliers comme entreprises. C'est un mécanisme de protection qui ne s'active qu'en cas de surchauffe des prix.
Le consommateur bénéficiera-t-il concrètement du VNU ?
À court terme, la réponse est probablement non. Le mécanisme étant conçu pour écrêter les superprofits en période de prix très élevés, il restera dormant tant que le MWh se négociera sous le premier seuil de 78 euros. Avec des prix actuels proches de 50 euros, les consommateurs ne devraient donc pas bénéficier de cette redistribution en 2026, une analyse déjà partagée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Le véritable impact sur les factures dépendra donc entièrement de l'évolution des marchés. Comme le souligne une experte, si les prix restent bas, une baisse est même envisageable. En revanche, en cas de flambée vers 100 euros/MWh, il y aurait bien une hausse, mais partiellement atténuée par le VNU, qui jouerait alors pleinement son rôle d'amortisseur pour le système énergétique de demain.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu'est-ce que le dispositif ARENH ?
L'Accès Régulé à l'Électricité Nucléaire Historique était un mécanisme imposant à EDF de vendre environ 25% de sa production nucléaire à un tarif fixe de 42€/MWh à ses concurrents. Mis en place en 2011 pour favoriser la concurrence, il prendra fin le 31 décembre 2025.
Le VNU est-il une garantie contre toute hausse ?
Non, le VNU n'est pas une garantie mais un "garde-fou". Il n'empêche pas les prix de monter, mais il prélève une partie des revenus d'EDF au-delà de certains seuils (78€/MWh) pour la redistribuer aux consommateurs, limitant ainsi l'impact d'une très forte hausse sur les factures.
Qui est concerné par cette stabilité annoncée ?
L'annonce de stabilité du gouvernement concerne principalement les ménages abonnés au tarif réglementé de vente de l'électricité (TRVE). Cela représente environ 19,75 millions de foyers, soit 56% des clients résidentiels en France.